[AFP vendredi 13 mai 2005 - 13h16]
BEYROUTH (AFP) - Le Premier ministre libanais Nagib Miqati a affirmé vendredi qu'il était tenu d'organiser les législatives à temps, malgré la grogne de l'opposition chrétienne qui réclame une nouvelle loi électorale.
Des ténors politiques pro et antisyriens, l'opposant druze Walid Joumblatt et le chef du Parlement Nabih Berri, ont affirmé que Washington et Paris pressaient pour la tenue des élections dans les délais (entre le 29 mai et le 19 juin) et averti contre les effets néfastes d'un report.
"Nous nous sommes engagés lors du débat de confiance à organiser les élections dans les délais constitutionnels. Si le Parlement ne modifie ni les délais ni la loi (électorale), nous sommes tenus à organiser les élections en vertu de la loi en vigueur malgré ses défauts", a déclaré M. Miqati après un entretien avec le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir.
"Nous avons évoqué avec Mgr Sfeir la possibilité d'une révision partielle du découpage des circonscriptions, tout en maintenant l'esprit de l'accord de Taëf", qui préconise le brassage entre les communautés religieuses libanaises, "mais cela dépend du Parlement", a-t-il indiqué.
Après cet entretien, M. Miqati s'est rendu auprès du président du Parlement pour tenter d'organiser une séance parlementaire qui modifierait le découpage en vigueur, refusé par l'ensemble des forces chrétiennes.
Il a indiqué s'être entretenu jeudi soir avec les ambassadeurs américain, français et saoudien.
Le camp chrétien, qu'il soit pro et antisyrien, mené par Mgr Sfeir, est farouchement opposé à la tenue des élections sur la base d'une loi concoctée sous la tutelle syrienne en 2000, toujours en vigueur malgré la fin du retrait syrien le 26 avril.
Les chrétiens estiment que cette loi met leurs candidats à la merci du vote musulman et insistent pour un découpage sur la base de petites circonscriptions.
Cette polémique bat son plein alors que la première phase des élections est prévue à Beyrouth le 29 mai, suivie de trois autres étapes qui se terminent le 19 juin.
Afin d'éviter un vide constitutionnel, le mandat du Parlement sortant, qui se terminait le 30 mai, a été prorogé jusqu'au 20 juin.
Recevant une délégation de députés favorables à la modification, M. Berri a rétorqué que "cela nécessite un report des élections. Or ce report n'est pas de l'avis de Washington et de Paris", selon un des participants à la réunion qui a requis l'anonymat.
M. Joumblatt a affirmé dans des propos télévisés qu'il y avait des conseils français et américain défavorables au report. Saad Hariri, le fils de l'ex-Premier ministre assassiné Rafic Hariri, a également déclaré qu'il était "contre un report".
Les capitales occidentales estiment qu'il est impératif de tenir des élections à temps pour assurer la stabilité politique du Liban après le retrait militaire syrien.
L'ambassadeur de l'Union européenne au Liban, Patrick Renaud, a déclaré dans une interview à Radio France International (RFI) que "commencer le changement au Liban par une entorse aux règles constitutionnelles n'est pas une bonne chose. Un premier report des élections peut en entraîner un autre et ainsi on ira de prorogation en prorogation du mandat du Parlement sortant".
"Un report pourrait entraîner un nouveau dérapage entre Israël et le Hezbollah à la frontière, alors que les élections, en confirmant l'influence politique du Hezbollah, va accroître son sens des responsabilités", a estimé une source diplomatique arabe.
Le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz a rendu vendredi le Liban responsable du maintien du calme à la frontière au lendemain d'une explosion dans le secteur controversé des fermes de Chebaa, occupées par Israël, et d'un tir de roquettes mercredi.
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