De la sidérurgie à la banque en passant par l'automobile et les jeux vidéo
LE MONDE | 08.03.05 | 13h32
Shanghai Baosteel Sidérurgie
Premier sidérurgiste chinois et septième mondial, Shanghai Baosteel Group Corporation est un conglomérat d'Etat, qui a pris sa forme actuelle en 1998, après l'absorption de plusieurs groupes sidérurgiques chinois.
C'est une des valeurs sûres de la Bourse de Shanghaï à travers sa filiale Baoshan Iron & Steel, dont il détient 85 %. Sa présidente, Xie Qihua, est l'une des rares femmes à occuper en Chine un poste managérial aussi élevé, avec la présidente de Haire.
Shanghai Baosteel Group vise à devenir une multinationale et devrait recourir à une stratégie de croissance externe dans les années à venir, aussi bien en Chine qu'à l'étranger : Baosteel ne fournit "que" 10 % de la production d'acier chinoise et pourrait absorber d'autres sidérurgiques locaux parmi la dizaine d'acteurs du marché chinois.
Son premier concurrent local est toutefois deux fois plus petit. Baosteel prévoit d'atteindre les 30 millions de tonnes d'ici à 2010 et de devenir le troisième mondial.
Haier Electroménager
Première marque chinoise à avoir acquis une visibilité aux Etats-Unis, Haier est le leader en Chine de l'électroménager, avec 35 % de parts de marché, et compte désormais trente usines hors du pays.
Le groupe, fondé à Qingdao, en 1984, pour produire des réfrigérateurs, est désormais un véritable conglomérat, dont la maison mère est cotée à la Bourse de Shanghaï. Son fondateur et PDG, Zhang Ruimin, est une légende du capitalisme chinois. Plusieurs livres et un film lui sont consacrés.
La majorité du capital de Haier est détenue par un collectif qui rassemble des ouvriers et des managers, ainsi que par la ville de Qingdao, mais la structure de l'actionnariat n'est pas vraiment transparente.
Si Haier prévoit une forte croissance pour 2005, le groupe a du mal à maintenir ses marges sur un marché de plus en plus concurrentiel. A l'étranger, Haier peine à marquer des points en dehors de segments très limités.
Lenovo Informatique
Lenovo, anciennement Legend, leader chinois du PC, est entré dans la cour des grands, en 2004, avec le rachat de l'activité PC d'IBM, qui le ferait passer à la troisième place mondiale s'il obtient le feu vert des autorités américaines.
Un enjeu majeur pour ce groupe créé en 1984 par onze scientifiques de l'Académie des sciences afin de distribuer en Chine des PC étrangers. Aujourd'hui, les marchés publics constituent près de 40 % de ses clients pour les PC.
Ses premiers ordinateurs sont assemblés en 1990. L'expansion du groupe ira très vite, sous l'impulsion de Yang Yuanqing, l'actuel président. En 1994, Lenovo fait son entrée en Bourse à Hongkong.
La majorité du capital est détenu par Legend Holdings, dont 65 % sont aux mains de l'Académie des sciences chinoises, qui dépend de l'Etat. Aujourd'hui, le groupe est confronté à une guerre des prix. A l'étranger, il lui reste à s'imposer, et à faire ses preuves dans la gestion des PC d'IBM.
China Mobile Télécommunications
Premier opérateur de téléphonie mobile chinoise, China Mobile est une entreprise d'Etat née en 2000 de la réorganisation des activités mobiles de China Telecom.
Son président est Wang Jianzhou. Le groupe a une filiale cotée à Hongkong. Fin 2004, China Mobile détenait 61 % du marché chinois, soit 207 millions d'usagers. L'opérateur domine le plus gros marché du monde : 334 millions de personnes ont actuellement un téléphone portable en Chine. Si le taux de pénétration est de 30 % sur l'ensemble du pays, 9 personnes sur 10 ont un téléphone portable dans les grandes villes. Afin de gagner les campagnes, China Mobile et son concurrent, China Unicom, se sont lancés dans une guerre des prix à laquelle le gouvernement a mis un coup d'arrêt en 2004.
Pékin pourrait procéder prochainement à une restructuration, et peut-être scinder China Unicom. Pour faire face à la concurrence, China Mobile tente de sortir de nouveaux produits et de baisser ses prix.
Saic Automobile
L'un des trois premiers groupes du pays avec FAW (First Auto Works) et Dongfeng Motors, Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC) est le premier constructeur chinois de voitures particulières, avec une production de 600 000 unités en 2004. C'est aussi le premier à s'aventurer en dehors de ses frontières : après la prise de contrôle du Coréen SsangYong fin 2004, SAIC est en lice pour racheter le britannique Rover.
SAIC, dont les véhicules sont produits à travers des sociétés mixtes formées avec ses principaux partenaires, Volkswagen et General Motors, cherche à se doter d'une capacité de production indépendante. L'ambition de SAIC, dont la municipalité de Shanghaï est l'un des principaux actionnaires, est de voler de ses propres ailes et de faire partie des six premiers constructeurs mondiaux d'ici à 2020. En vue d'une introduction en Bourse à Hongkong en 2005, SAIC a créé une structure par actions, Shanghai Automotive Group Co Ltd.
TCL Electronique
TCL Corporation est un conglomérat qui rassemble six groupes industriels dans les domaines des télécoms, du multimédia, de l'électronique grand public et de l'équipement électrique.
Fondé en 1981, TCL est basé à Huizhou (province du Guangdong), et dirigé par Li Dongsheng. C'est à l'origine un groupe d'Etat, mais son capital se répartirait aujourd'hui entre les gouvernements locaux (ville et province), les dirigeants, et les investisseurs étrangers. Deux de ses filiales sont cotées : l'une à Shenzhen et l'autre, TCL International Holdings, à Hongkong.
En 2004, TCL a défrayé la chronique lors de son alliance avec Thomson pour la production de téléviseurs. Puis ce fut au tour d'Alcatel de lui céder son activité de fabrication de portables, à travers une société mixte, TAMP. TCL doit désormais maintenir sa rentabilité à un moment où nombre de segments du marché chinois approchent la saturation.
Huawei Télécommunications
Huawei Technologies fait trembler les constructeurs d'équipements de télécoms : près de la moitié de ses 5,58 milliards de dollars de ventes se font à l'étranger. Une part qui devrait passer à 75 % d'ici à 2006. A la fin 2004, Huawei était choisi par l'opérateur néerlandais Telfort pour construire son réseau de troisième génération (3G), au nez et à la barbe de ses rivaux européens.
Fondé en 1988 par Ren Zhengfei, un ancien officier de l'Armée rouge, Huawei est le seul groupe entièrement privé du secteur. Il n'est pas coté, et la majorité de son capital serait détenue par ses salariés et son président. La société, qui ne publie pas de comptes, a une réputation d'opacité. L'américain Cisco lui a intenté un procès en 2003 pour violation de propriété intellectuelle.
Huawei se positionne pour la construction de réseaux 3G pour lesquels des licences devraient être attribuées prochainement aux opérateurs chinois.
Hutchison Whampoa Conglomérat
Le groupe racheté en 1979 par le magnat de Hongkong Li Ka Shing est un conglomérat présent dans les télécoms, les activités portuaires, la distribution, l'immobilier et l'hôtellerie, ainsi que l'énergie et les infrastructures. Hutchison Whampoa est un champion de la croissance externe. Le groupe a repris le distributeur français de parfums Marionnaud au début de l'année. Hutchison Whampoa compte 180 000 salariés dans le monde et annonce un chiffre d'affaires de 18,6 milliards de dollars pour 2003.
Acteur majeur de la téléphonie mobile à travers Hutchison Telecom, le consortium est présent aussi bien en Europe qu'en Chine. Il possède également, dans l'Internet, le groupe Tom Online, qui a réalisé plusieurs investissements en Chine continentale dans le domaine du contenu culturel et s'intéresse de près aux portails de Chine continentale et à leurs centaines de millions d'internautes potentiels.
Shanda Jeux vidéo
Fondée en 2000 après la liquidation d'un site Internet, Shanda Interactive Entertainment s'est hissée en quelques années au sommet de l'économie chinoise du Net. Basée à Shanghaï, la société de Chen Tianqiao est le leader du jeu en ligne. Cotée au Nasdaq depuis mai 2004, Shanda a fait de son PDG et principal actionnaire, Chen Tianqiao, 31 ans, l'homme le plus riche de Chine (1,3 milliard de dollars). Chen Tianqiao fait partie d'une nouvelle génération de gestionnaires, qui, sans avoir étudié à l'étranger, a fait ses premières armes dans une Chine déjà largement "capitaliste".
Shanda a fait couler beaucoup d'encre il y a quelques semaines en achetant discrètement, sur le Nasdaq, 19,5 % de sina.com, le premier portail Internet chinois, pris par surprise. Le duel pourrait déboucher sur une alliance ou une fusion entre les deux groupes. Chen Tianqiao veut faire de Shanda une réplique chinoise de Disney.
Bank of China Banque
A ne pas confondre avec la Banque centrale chinoise, la Bank of China (BOC) est la plus ancienne banque de Chine. C'est l'une des quatre grandes banques d'Etat, avec la China Construction Bank, ICBC et l'Agricultural Bank of China. La BOC doit être introduite en Bourse en 2005 - avec la China Construction Bank.
Grevées par les mauvaises créances, les deux banques avaient bénéficié d'une injection de fonds publics de 22,5 milliards de dollars chacune, fin 2003. L'Etat a créé une nouvelle structure, Central Huijin Investment Co., devenue actionnaire principale des deux banques, qui ont transformé leur structure de management en sociétés mixtes par actions.
La BOC a déjà une filiale cotée à Hongkong (BOCI), mais sa privatisation partielle est une nouvelle étape dans la constitution de groupes bancaires modernes. Plusieurs banques étrangères souhaitent entrer dans son capital.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.03.05
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