7.6.05

Les dépenses militaires mondiales en augmentation constante

LEMONDE.FR | 07.06.05 | 18h24 • Mis à jour le 07.06.05 | 19h01

Mille milliards de dollars. Un chiffre qui donne le vertige. C’est la somme cumulée consacrée aux dépenses militaires mondiales en 2004, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche pour la paix à Stockholm (Sipri) publié mardi 7 juin. Près de la moitié de cette somme a été déboursée par les Etats-Unis, dont le budget reste alourdi par la"guerre contre le terrorisme".
Les dépenses militaires ont atteint précisément 1 035 milliards de dollars (841 milliards d’euros) l’année dernière, soit une hausse de 8 % par rapport à 2003 (956 milliards de dollars). Cela représente 162 dollars par habitant de la planète. Washington a dépensé 47 % de ce montant.
Cette nouvelle forte augmentation des dépenses militaires, après une hausse de 11 % en 2003, ne porte toutefois pas le budget d’armement mondial à un niveau record. Il était plus élevé au plus fort de la guerre froide, à la fin des années 1980, note l’institut.
Les dépenses américaines ont rapidement augmenté entre 2002 et 2004 à cause de l’importance des montants alloués à la "guerre mondiale contre le terrorisme", principalement en Irak et en Afghanistan, peut-on lire. "La première explication du niveau actuel (...) des dépenses militaires mondiales est le montant des opérations militaires à l’étranger effectuées par les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, par ses alliés dans la coalition".

LIMITER LA PROLIFÉRATION D’ADM

L’ampleur des dépenses auxquelles le gouvernement de George W. Bush doit faire face est la conséquence de la décision d’entrer en guerre contre l’Irak malgré un très faible soutien - notamment de la part de l’ONU -, estime le Sipri. "Les Etats-Unis sont aujourd’hui dotés d’un pouvoir suprême (...) mais ont été limités dans leur champ d’action en Irak sans soutien institutionnel", écrit Alyson Bailes, directrice de l’institut, dans le rapport.
"Les événements des dernières années ont peu contribué à l’obtention de solutions mondiales", a-t-elle estimé par ailleurs. En 2004, dix-neuf conflits majeurs ont chacun causé la mort de plus de 1 000 personnes lors de combats. La plupart sont de longue durée, et seulement trois - les opérations contre Al-Qaida, la guerre en Irak et le conflit au Darfour (Soudan) – ont moins de dix ans.
"Paradoxalement, la longévité et la récurrence de beaucoup de conflits peuvent les rendre moins visibles sur la scène internationale", a estimé le Sipri, soulignant "le trop peu d’attention médiatique" accordé en 2004 aux conflits au Népal et en Ouganda.

"LA COURSE AUX ARMEMENTS CONVENTIONNELS A ÉTÉ SANS LIMITES"

Le rapport note que plusieurs initiatives ont eu lieu en 2004 dans le but de limiter la prolifération d’armes de destruction massive (ADM), notamment en Corée du Nord et en Iran.
Les accusations américaines et alliées avant le début de la guerre contre l’Irak, selon lesquelles le pays était doté de telles armes, "étaient inexactes et n’étaient pas appuyées par les preuves disponibles", écrit le Sipri. Cependant, l’éviction du président irakien Saddam Hussein et l’annonce par la Libye qu’elle abandonnait ses programmes sur les ADM et les missiles balistiques "ont créé une opportunité unique de progresser dans l’objectif de faire du Moyen-Orient une zone dépourvue d’ADM".
Par contre, "la course aux armements conventionnels a été sans limites", note le rapport. La taille des principaux fabricants d’armes dans le monde a "énormément" augmenté, principalement par le biais d’acquisitions, et ces entreprises sont aujourd’hui comparables à certaines des plus grandes multinationales.
Le chiffre d’affaires total des cent principales sociétés d’armement est équivalent au PIB des 61 pays les plus pauvres au monde, indique l’institut.
Le Sipri déplore enfin que de manière générale "seule une quantité limitée d’informations (soit) disponible sur les ventes commerciales d’armes à travers le monde" et a appelé les gouvernements à exiger davantage de transparence.

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