28.7.05

L'IRA dépose les armes

(Avec AFP.)
[Le Figaro, 28 juillet 2005]

L'Armée républicaine irlandaise (IRA) a officiellement renoncé aujourd'hui à sa «lutte armée» contre la couronne britannique, après 35 ans d'affrontements sanglants, et s'est engagée à poursuivre par des moyens démocratiques sa quête pour l'unification de l'Irlande.
Dans un communiqué, l'état major de l'organisation clandestine «a ordonné la fin de la lutte armée à partir de 16H00» jeudi (15H00 GMT).
«Toutes les unités de l'IRA ont reçu l'ordre de se débarrasser de leurs armes et tous les volontaires devront veiller au développement de programmes purement politiques et démocratiques par des moyens exclusivement pacifiques», ajoute l'IRA.
Cette décision doit entraîner la mise en sommeil de l'ensemble de son appareil paramilitaire, initiative sans précédent depuis la formation du groupe clandestin en 1970.
L'annonce a été immédiatement saluée par Londres et Dublin.
Cette décision «est un pas d'une ampleur jamais vue dans l'histoire récente de l'Irlande du nord», a déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair.
«C'est peut-être le jour où, après les fausses espérances et les espoirs déçus, la paix remplace la guerre et la politique remplace le terrorisme sur l'île d'Irlande», a-t-il ajouté.
«Les développements de ce jour peuvent annoncer une nouvelle ère pour tous les habitants de l'île d'Irlande», a pour sa part déclaré le Premier ministre irlandais Bertie Ahern.
«Si les mots de l'IRA sont suivies d'actions que l'on peut vérifier, cela sera un développement historique et capital», a assuré le dirigeant de la République d'Irlande.
L'IRA observait un cessez-le-feu depuis 1997, mais cette nouvelle initiative doit mettre officiellement un terme à toute forme de violence, à des fins politiques ou autres.
«Les volontaires ne doivent s'impliquer dans aucune autre activité», précise ainsi le communiqué à la demande expresse des gouvernements britanniques et irlandais, qui exigeaient la fin de toute forme d'activités de l'IRA, non seulement paramilitaires, mais aussi illégales ou même criminelles.
L'IRA a en effet été accusée d'avoir pris des libertés avec sa trêve à maintes reprises et a notamment été désignée par Londres et Dublin comme responsable du cambriolage de la Northern Bank de Belfast, en décembre, emportant l'équivalent de 38 millions d'euros.
L'engagement de l'IRA sur ce chapitre n'a cependant pas convaincu le dirigeant unioniste d'Irlande du Nord, Ian Paisley.
«Ils n'ont pas déclaré explicitement la fin de l'activité criminelle qui leur rapporte des millions de livres, et n'ont pas fourni le niveau de transparence nécessaire pour inspirer vraiment confiance sur le fait que les armes se sont tues», a réagi le dirigeant historique des loyalistes protestants, ennemi juré des républicains.
Après avoir consulté sa base pendant plus de trois mois, l'état-major de la principale organisation clandestine de l'île se prépare aussi à démanteler son arsenal au complet, dans les plus brefs délais.
«L'état-major de l'IRA a aussi autorisé notre représentant à entrer en contact avec la commission internationale» chargée du désarmement des paramilitaires, dirigée par le général canadien John de Chastelain, «pour achever le processus de neutralisation des armes», indiqué le communiqué.
Une source proche du général de Chastelain a confié à l'AFP que le désarmement pourrait être terminé «d'ici les prochains mois».
Ce communiqué de l'IRA constitue une réponse positive à l'appel formulé le 6 avril par Gerry Adams, président de Sinn Féin, l'aile politique de l'IRA.
M. Adams, chef du principal parti catholique nord-irlandais, avait demandé à l'IRA de faire taire ses armes de façon définitive, pour permettre une relance du processus de paix en Irlande du Nord.
«Nous sommes persuadés désormais qu'il existe une alternative» à la violence «pour mettre fin à l'administration britannique de notre pays (l'Irlande du Nord)», stipule le communiqué de l'IRA, qui ne fait cependant pas mention de la perspective d'une dissolution du mouvement.

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