2.8.07

Le chef du renseignement bulgare évoque un écheveau de contacts secrets

Christophe Châtelot (avec AFP)
LE MONDE | 01.08.07 | 11h26

Intervenu au moment de la visite de Cécilia Sarkozy à Tripoli, du 22 au 24 juillet, le dénouement de la crise ouverte par l'inculpation puis la condamnation à mort des infirmières bulgares et du médecin palestinien accusés en 1999 d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens résulte d'un long processus diplomatique et de la contribution de services secrets de plusieurs pays étrangers.

Dans un entretien publié, lundi 30 juillet, par le quotidien bulgare 24-Tchassa (24-Heures), le chef du renseignement de ce pays, le général Kirtcho Kirov, révèle ainsi que les services d'"une vingtaine de pays", surtout de Grande-Bretagne, mais aussi d'Italie, d'Etats arabes et même d'Israël, ont travaillé à cette libération. Le général Kirov met en exergue le rôle de plusieurs services de renseignement arabes – "nos amis palestiniens", l'Egypte, l'Algérie, Maroc – et des services italiens qui "ont fourni de l'information et ont mis à profit leur influence" sur la Libye.

Selon Kirtcho Kirov, l'ex-directeur du département Opérations globales du MI6 britannique, Marc Allan, a mis en contact les chefs des services de renseignement bulgares et libyens. Le général Kirov a dit avoir rencontré cinq fois l'ex-directeur du renseignement libyen, Moussa Koussa, en Libye, à Rome, à Paris et à Londres. Un contact qui s'est poursuivi, à partir de 2004 avec son successeur Abdallah Sanoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi.

M. Kirov explique que dès février, à l'issue d'un entretien nocturne dans une villa viennoise avec Saïf Al-Islam, fils du numéro un libyen dont la fondation caritative a joué un important rôle d'intermédiaire, il "savait qu'une solution serait trouvée vers la fin juillet-début août". Les deux hommes avaient évoqué à cette occasion le cas du Libyen, Abdel Basset Ali Al-Megrahi condamné à la prison à vie en Grande-Bretagne, en 2001, pour l'attentat contre un avion de la compagnie américaine PanAm en 1988, qui avait fait 270 morts au-dessus de Lockerbie (Ecosse).

"INTÉRÊTS GIGANTESQUES"

Cet ancien agent des services secrets libyens a été autorisé, le 28 juin, à faire appel de sa condamnation. "Il pourrait avoir été victime d'une erreur judiciaire", a estimé une commission indépendante écossaise. Selon M. Kirov, ces deux affaires sont "indirectement liées au sein des schémas politiques globaux de la Libye, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis".

Le sort des praticiens bulgares n'était en fait qu'"un grain de poussière dans l'œil d'un énorme ouragan où se croisent des intérêts gigantesques. Je savais que de grands contrats d'armes et de concessions [d'exploration de pétrole] seraient conclus", a déclaré le général Kirov. La décision d'étudier la livraison d'un réacteur nucléaire français à la Libye a ainsi été conclue lors de la visite du président Sarkozy, le 25 juillet. Fin mai, c'était le groupe pétrolier britannique BP qui profitait de la visite de Tony Blair en Libye, pour signer un contrat de prospection gazière de 900 millions de dollars.

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