29.9.07

Barak estime inéluctable une opération contre Gaza

De notre correspondant à Jérusalem PATRICK SAINT-PAUL.
Le Figaro du 29 septembre 2007
Actualisé le 28 septembre 2007 : 20h55

Le ministre de la Défense israélien, ancienne colombe du Parti travailliste, affirme qu'une invasion de la bande de Gaza s'impose.

À EN CROIRE Ehoud Barak, la série de raids et d'incursions israéliennes, qui a fait 12 morts en 24 heures dans la bande de Gaza, n'est que le prélude à une opération terrestre plus vaste et inéluctable. Depuis qu'il a repris en main le ministère de la Défense, Barak, l'ancienne colombe du Parti travailliste, s'est métamorphosé en véritable faucon. Focalisé sur les questions de sécurité, son discours se rapproche désormais de celui du chef de l'opposition de droite, Benyamin Nétanyahou.

Barak affirme qu'une invasion de la bande de Gaza s'impose, pour faire cesser les tirs de roquettes depuis ce territoire - passé sous le contrôle du Hamas le 15 juin - sur le sud d'Israël, qui ont fait 12 morts depuis le début de l'intifada, en septembre 2000. « Nous nous rapprochons d'une vaste opération qui, pour de nombreuses raisons, n'a pas eu lieu au cours des semaines écoulées, a lancé le ministre de la Défense mercredi. Il faut affaiblir le régime du Hamas et son emprise sur Gaza. » L'opération n'a pas eu lieu, en raison des fortes tensions avec la Syrie, qui menaçaient d'exposer Israël sur deux fronts simultanément. Plusieurs ministres ont mis en garde Barak contre les lourdes pertes en vies humaines qu'une telle opération en zone peuplée pourrait impliquer, y compris parmi les militaires israéliens.

Une vaste campagne militaire à Gaza risquerait aussi de faire capoter la conférence de Washington, prévue mi-novembre, et censée relancer le dialogue israélo-palestinien. Contrairement à Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, Barak affirme qu'il n'existe toujours pas de partenaire du côté palestinien, le président Mahmoud Abbas étant trop faible pour faire appliquer un accord, en dépit de sa bonne volonté. À propos de la déclaration de principe que négocient Olmert et Abbas, Barak estime qu'elle « doit être suffisamment substantielle pour ne pas humilier les Palestiniens ». Mais aussi « suffisamment vague pour que les Israéliens ne se sentent pas comme des pigeons, ayant fait des concessions importantes sur les problèmes les plus épineux sans rien recevoir en échange ».

Officier le plus décoré d'Israël

« Le premier ministre (Ehoud Barak), qui en 2000 (lors des négociations de Taba, NDLR) a proposé un retrait de 90 % des Territoires palestiniens et des quartiers arabes de Jérusalem-Est, emploie désormais la rhétorique de Benyamin Nétanyahou, affirmant qu'il n'existe pas de partenaire du côté palestinien et qu'un arrangement avec eux n'est rien de plus qu'un fantasme », écrit l'analyste politique Itamar Eichner, dans le Yedioth Ahronoth.

Ancien chef du « commando de l'état-major », la crème des unités d'élite de l'armée israélienne, Barak ne se prive jamais de rappeler qu'il est l'officier le plus décoré d'Israël, le « militaire numéro un », mettant ainsi en relief l'inexpérience militaire d'Olmert et son échec lors de la guerre du Liban de l'été 2006. S'il a dirigé la répression des troubles palestiniens à Gaza et en Cisjordanie dans les années 1990, il a aussi pris part aux négociations de 1994 pour la mise en oeuvre sur le terrain de l'autonomie palestinienne prévue par les accords d'Oslo. C'est pour rejoindre l'aventure pacifiste d'Itzhak Rabin, son lointain prédécesseur à la tête de l'armée, que Barak s'était lancé en politique.

Désormais, Barak rechigne à faire la moindre concession aux Palestiniens : lever des barrages en Cisjordanie pour faciliter la circulation des Palestiniens, évacuer des colonies sauvages, autoriser les policiers palestiniens en armes à faire régner l'ordre à Naplouse... Autant de gestes qu'Olmert juge indispensables pour renforcer Abbas, mais que Barak considère comme nuisibles à la sécurité d'Israël. « Barak ne pourra pas continuer longtemps ainsi, estime Itamar Eichner. Tôt ou tard, il devra de nouveau jouer le rôle réservé au président du Parti travailliste : chef de la gauche israélienne ».

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