26.3.08

"Nos amis chinois"

A l'heure où les appels au boycott des prochains jeux olympiques de Pékin se multiplient, en raison de la situation au Tibet, il est peut-être temps d'apporter quelques précisions. Nous sommes plus en 1980 et Pékin n'est pas Moscou. Certes, l'Afghanistan était déjà en guerre et les propagandes sont toujours actives, comme en témoignent les cris d'orfraie autour du risque de non-diffusion en directe des épreuves. Mais elles ne sont plus au service des mêmes idéologies.
Hier, il s'agissait d'empêcher l'inimicus, au sens schmittien du terme, de s'enorgueillir d'un affrontement sportif où les victoires auraient été mise au crédit de la Guerre froide. En outre, les Etats-Unis entendait marquer leur désapprobation envers l'invasion soviétique en Afghanistan et la mise sous loi martiale de la Pologne.
Aujourd'hui, qu'en est-il ? Un pouvoir libéral-communiste accueille les Jeux. Certes, on pourrait voir les choses selon les vielles antiennes et considérer cet évènement comme une chance offerte à un inimicus. Seulement, est-ce bien le cas ? La Chine d'aujourd'hui, bien qu'elle n'ait pas beaucoup changé, n'est plus celle de 1980. Non qu'elle est renoncé au communisme, qui reste le fondement de son système politique. Mais elle a adopté, dans sa partie continentale certes, mais c'est elle qui accueille les Jeux, le capitalisme.
Quand bien même l'idéal de Pierre de Coubertin prescrive l'amateurisme, le sport est aujourd'hui une affaire d'argent. Les Jeux de Pékin ont donc engendré nombre de contrats de sponsor qu'il faudra bien honorer. Voilà un langage que les Chinois, comme tous les Asiatiques et comme d'autres civilisations dans le monde, comprennent mieux que le droit-de-l'hommisme occidental. Par ailleurs, les Jeux sont organisés par les Chinois dans l'objectif de renforcer l'attractivité de leur pays... auprès des investisseurs. Or, le capitalisme se contente bien de l'autoritarisme politique :il garantie le respect de la production et non des droits individuels et syndicaux.
Voilà pourquoi les Jeux auront lieu.
Quand à la diffusion en différé, il n'y a pas lieu de le craindre. Les télévisions mondiales veilleront à ce que le faisceaux émis par la société concessionnaire du Comité olympique internationale ne subisse aucun retard. Et si le téléspectateur chinois ne voit pas en direct les débordements politiques que certains voudraient organiser, qui s'en offensera. De toute manière, il ne sait rien de ce tintamarre qui aujourd'hui accompagne le souffle médiatique d'une crise tibétaine déjà calmée par la force. Et l'Occident s'en trouve bien dépourvu...

1 commentaire:

Tom a dit…

Au sujet d'un boycott des JO, je pense que cela ne ferait que vexer le peuple chinois qui embrigadé
dans la propagande du parti ne comprendrait pas la position du reste du monde.
Allons à ces jeux, c'est une tribune incroyable pour s'adresser au peuple chinois.
C'est à lui qu'il faut convaincre, pas le parti.
A ce propos, certains athlètes proposent de porter un ruban vert lors des épreuves en signe de protestation, tel le perchiste Romain Mesnil. Ce sont des symboles que des millions de chinois vont voir et que le gouvernement va avoir du mal à expliquer…