3.7.08

Une opération du renseignement colombien

LEMONDE.FR | 02.07.08 | 22h01 • Mis à jour le 03.07.08 | 00h28

ne opération menée par les forces armés colombiennes a permis la libération, mercredi 2 juillet, de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Ingrid Betancourt ainsi que de trois citoyens américains et onze militaires colombiens qui étaient séquestrés par les FARC. Juan Manuel Santos, ministre colombien de la défense, a annoncé la nouvelle depuis Bogota, en précisant que la libération est intervenue près de San Jose del Guaviare, dans le sud-est du pays.

"Je veux d'abord rendre grâce à dieu et aux soldats de Colombie", a déclaré l'ex-otage dans une première déclaration à la radio Caracol.

Dans une intervention depuis l'Elysée, le président français à prevcisé qu'Ingrid Betancourt était en "bonne santé". Aux côtés des enfants de Mme Betancourt, il a remercié le président colombien et les chefs d'Etat des pays qui ont contribué à la libération des otages.

Selon le ministre de la défense colombien, deux hélicoptères ont participé à l'opération au cours de laquelle deux guerilleros auraient été détenus. Le ministre a affirmé que l'opération était en marche depuis une année, en mettant l'accent sur le travail de renseignement effectué par les généraux Freddy Padilla de Leon, chef des forces armées, et Mario Montoya, responsable de la zone où a eu lieu l'opération.

OPÉRATION D'INFILTRATION

En annonçant la libération des otages, le ministre de la défense a fait le récit d'une opération de renseignement et d'infiltration de très haut niveau. Il a notamment affirmé que les otages se trouvaient détenus en trois lieux différents et qu'afin de permettre leur libération, il a été nécessaire pour les forces armées colombiennes d'infiltrer le secrétariat, l'instance de direction collective de plus haut niveau des Farc. C'est dans ce contexte qu'il a été décidé par les responsables du mouvement de guerilla de rassembler les otages afin de les placer sous le contrôle unique d'Alfonso Cano qui a pris la tête de Farc après le récent décès de Manuel Marulanda, dit "Tirofijo".

Selon le ministre, cette opération a été réalisée avec l'appui logistique d'une "organisation fictive" disposant d'un hélicoptère qui était en réalité un appareil de l'armée colombienne. Les forces armées colombiennes avaient également infiltré, toujours selon le ministre, le front numéro 1 des Farc, dirigé par Gerardo Antonio Aguilar, dit "Cesar", qui detenait une partie des otages. Ce responsable a été arrêté alors qu'il acheminait, à l'aide de l'hélicoptère de l'armée, des otages vers le point choisi pour rassembler les trois groupes et les remettre à Alfonso Cano.

A la demande du président Uribe, un travail de renseignement d'une ampleur jusque là inconnue, incluant le paiement d'informations et la protection des témoins, a été développé au cours de la dernière année par les forces armées et la DAS (département administratif de sécurité) avec l'aide de consultants israéliens, pour la plupart officiers en retraite de l'armée d'Israël.

Le ministre s'est adressé aux Farc lors de sa conférence de presse : "Nous continuerons a travailler à la libération des autres otages. Nous lançons un appel aux leaders actuels des Farc pour qu'ils ne se fassent pas tuer, qu'ils libèrent les otages et qu'ils ne sacrifient pas leurs hommes".

Une très forte mobilisation médiatique en faveur de la libération d'Ingrid Betancourt, détenue depuis février 2002, existait en Europe. Mais l'espoir de la voir libre avait été plusieurs fois déçu. D'abord en 2003, lorsque Dominique de Villepin, alors premier ministre, avait monté une mission de négociation et dépêché un avion. Puis en mars 2008, lorsque la diplomatie française et le président vénézuélien, Hugo Chavez , avaient participé à l'envoi d'hélicoptères dans la zone où l'otage a finalement été libéré. La dernière preuve que l'otage était encore en vie, une vidéo où elle apparaissait immobile, avait été diffusée en novembre 2007.

Ingrid Betancourt, 46 ans, ex-candidate écologiste à la présidence de la Colombie, était otage des Farc depuis plus de six ans.

Le Monde.fr (avec AFP)

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