19.1.09

Où est l'Europe ?

Le nouveau cessez-le-feu à Gaza incite à se poser quelques questions, non sur le bien-fondé de cette nouvelle guerre improductive, mais sur la responsabilité de la communauté internationale, et particulièrement sur le jeu européen ? L'Union est en effet le principal contributeur de la reconstruction des territoires palestiniens depuis 1993. On se souvient que le Président français Jacques Chirac a inauguré par deux fois le port de Gaza, l'aéroport étant laissé à d'autres... A chaque fois, pour chacun des édifices, une offensive israélienne était venu réduire à néant les investissements européens. Il n'est pas du propos de ce billet de s'interroger sur le bien-fondé de chacune des opérations militaires israéliennes, d'autre que nous l'ont déjà fait. Il s'agit simplement de pointer un travers des actions belligènes contemporaines, celui théorisé par le général Warden au début des années 1990.
Que disait-il ? Schématiquement, il estimait que pour faire plier un ennemi, il fallait détruire méthodiquement son potentiel de résistance, depuis le dirigeant jusqu'aux infrastructures. Le primat aérien est évident dans cette stratégie et toutes les armées l'ont utilisé, non seulement depuis la première guerre du Golfe, mais depuis que le monde est monde. Déjà les Grecs, en ravageant le territoire des cités qu'ils attaquaient, avaient compris que l'on pouvait gagner une guerre sans combattre, ou en le faisant le moins possible. La foutaise de la guerre des missiles, comme recyclage sans mémoire des bienfaits de l'artillerie, et de son corolaire de la défense anti-missiles, est ici un faux-problème. Chaque opération commence bien par un bombardement aérien, non ?
Pas différemment des autres armées, Tsahal applique ces préceptes dans ses combats contre les Palestiniens. Pour répondre aux roquettes artisanales, combien même de technologie iranienne - la charge utile et le système de guidage sont les seules choses importantes, et à ce jeu-là, le Hamas a encore du travail à faire -, il n'était nul besoin de cibler les commissariats de police, les écoles et les hôpitaux. Pour désolidariser la population de ses dirigeants islamistes, il s'agissait d'un moyen. Là encore, nous ne nous prononcerons pas sur les résultats opérationnels.
Nous rappellerons simplement que la reconstruction est un enjeu de la victoire, au même titre que les opérations militaires l'ayant précipitée. Or, dans l'optique israélienne, depuis leur échec de 1982, cette partie n'est pas la mieux assumée. Elle incombe pour beaucoup à l'Union européenne. Depuis les infrastructures jusqu'à la formation des personnels, l'Europe est impliquée dans le processus de construction nationale palestinienne. Pour cette raison, elle éprouve légitimement une lassitude face aux destructions qu'infligent à ses investissements les Israéliens.
Mais que fait-elle pour les protéger ? Évidement, il est illusoire de prétendre que l'Europe doit s'opposer à un État souverain luttant pour le respect de sa souveraineté. Mais, simplement, il faut rappeler que l'Union européenne porte en elle, par son inconstance diplomatique, une responsabilité, non dans l'offensive israélienne, mais dans la radicalisation du Hamas. Après avoir demandé, sinon imposé des élections démocratiques en Palestine, elle a permis à la population palestinienne de jouer la carte du Hamas. Et quelle a été la première attitude de l'Union européenne ? Suspendre son aide à l'administration palestinienne, qui se trouva dans l'impossibilité de payer les salaires des fonctionnaires... Ainsi, l'Union mettait en péril son investissement, simplement pas peur de déplaire à Israël et aux Etats-Unis. Il est vrai que l'on était en pleine "guerre mondiale contre le terrorisme" - on l'est toujours... Et que ceci justifiait bien cela.

1 commentaire:

SD a dit…

Vous posez une question fondamentale au Proche-Orient : "Où est l'Europe?".
Les Européens ont leur stratégies nationales...