LE MONDE | 27.05.05 | 12h53 • Mis à jour le 27.05.05 | 13h07
NEW YORK de notre correspondante
Le président Bush a réservé, jeudi 26 mai, le meilleur accueil au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour sa première visite à la Maison Blanche depuis son élection en janvier. Il a également promis une aide de 50 millions de dollars aux Palestiniens, un montant modeste, mais qui sera versé directement à l'Autorité palestinienne, comme l'avait réclamé M. Abbas. Cette offre a été saluée comme la marque d'une "nouvelle confiance" par le ministre palestinien des affaires étrangères, Nasser Al-Kidwa, après des années d'accusation de mauvaise utilisation des fonds et de corruption dans l'entourage de Yasser Arafat.
L'administration américaine avait tenu à donner une certaine solennité à l'événement. "Nous nous rencontrons à un moment où une grande réalisation historique est à portée de main : la création d'un Etat palestinien pacifique et démocratique" , a souligné M. Bush pendant la conférence de presse conjointe dans le Rose Garden. Il a rendu hommage à M. Abbas, un homme "dévoué à la démocratie" , et il s'est gardé d'insister publiquement pour qu'il agisse davantage contre le terrorisme. "Nous serons à vos côtés, monsieur le président, alors que vous combattez la corruption, réformez les services de sécurité palestiniens et le système judiciaire et relancez votre économie" , a promis M. Bush. A la satisfaction de la partie palestinienne, le président a aussi formulé dans le détail ses positions sur le processus de paix décrit dans la "feuille de route" et ce qu'il attend de chaque parti. "Je pense qu'il est temps pour toutes les parties de ce conflit de renoncer à d'anciens griefs et d'agir avec détermination en faveur de la paix" , a-t-il dit. Plus spécifiquement à l'adresse des Israéliens, il a déclaré qu'ils devaient éviter d'entreprendre des actions "préjugeant de l'état final des négociations en ce qui concerne Gaza, la Cisjordanie ou Jérusalem" , a-t-il dit, ajoutant : "Israël doit arrêter l'expansion des colonies et démanteler les colonies illégales."
"NOUS PROGRESSONS"
A propos de la "barrière de sécurité" construite par les Israéliens, il a réaffirmé qu'elle doit être "une barrière de sécurité et non pas politique. Et son parcours doit tenir compte, avec les exigences de la sécurité, de l'impact sur les Palestiniens qui ne sont pas engagés dans des activités terroristes. Alors que nous progressons vers la sécurité (...) les forces israéliennes doivent se retirer pour retrouver leurs positions du 28 septembre 2000" , c'est-à-dire au moment du déclenchement de la seconde Intifada palestinienne.
Dans un autre rappel qui a été jugé "très important" par le ministre Al-Kidwa, M. Bush a indiqué que tout changement au tracé de la ligne de séparation de 1949 entre Israël et les territoires palestiniens "doit faire l'objet d'un accord mutuel" entre Israéliens et Palestiniens.
Sur la question du Hamas (Mouvement de la résistance islamique), les divergences n'ont pas non plus été mises en relief. M. Bush a dit que son opinion n'avait pas évolué - "c'est un groupe terroriste" . Mais il n'a pas désavoué l'approche choisie par M. Abbas d'encourager les activistes à s'engager dans le processus électoral. "Naturellement, nous voulons que tout le monde participe aux élections" , a-t-il souligné.
Globalement, comme l'a répété M. Bush, la ligne américaine n'a "pas changé" . Les Palestiniens ont néanmoins paru satisfaits des entretiens, même si l'aide directe de 50 millions de dollars ne représente encore qu'un septième de l'aide globale qui leur est attribuée pour 2005, le reste étant versé par le biais de l'ONU ou d'organisations non gouvernementales pour éviter les détournements. Cette assistance sera consacrée à des projets de logements dans la perspective du retrait israélien de Gaza prévu en août. La secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, se rendra personnellement à Ramallah et à Jérusalem pour faciliter la mise en oeuvre du retrait et faire le point sur les engagements pris par les deux parties, a annoncé M. Bush, confirmant l'importance qu'il attache désormais à l'évolution du processus de paix.
Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 28.05.05
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