30.5.05

Les partisans du non et du oui ont défilé sur les plateaux de télévision

LE MONDE | 30.05.05 | 14h39

Dimanche 29 mai, dès 21 heures, dans le hall de France Télévisions, à Paris, le socialiste Jean-Luc Mélenchon, un des chefs de file du non, exulte : "C'est plié !" En attendant que les services de sécurité de France 3 vérifient son identité - "c'est Paranoland" -, il téléphone à "ses amis" Olivier Besancenot, le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), et José Bové, ancien leader de la Confédération paysanne. Le non "est entre 53 % et 55 %, et dans mon département [l'Essonne] c'est encore plus haut" , leur explique-t-il, hilare. Les caméras n'en perdent pas une miette.
Au sous-sol, France 2 et France 3 se partagent deux studios distants de quelques mètres. "Pour passer d'un plateau à l'autre, c'est très pratique" , constate, tout sourire, Philippe de Villiers, l'un des leaders du non. Bruno Gollnisch, délégué général du Front national (FN), accorde des entretiens à toutes les télévisions, mais s'inquiète surtout qu'il n'y ait personne du FN sur le plateau de France 3. "C'est ahurissant" , s'énerve-t-il au téléphone.

"SEULEMENT DU DEMI-GROS"

De son côté, Dominique Strauss-Kahn, la mine défaite, ne traîne pas dans les couloirs. A la sortie du studio de France 2, il s'enferme aussitôt dans une loge avec Anne Sinclair, sa compagne, pour écouter la déclaration du président de la République, puis s'éclipse. Quant à Jean-Marie Cavada, député européen (UDF) et fervent partisan du oui, il n'a qu'un motif de satisfaction, celui de retrouver, même pour un soir seulement, les plateaux de télévision et quelques anciens confrères.
Sur l'autre rive de la Seine, à TF1 et dans les studios de sa filiale LCI, la chaîne d'information en continu, la soirée électorale est placée sous le signe de la fraise. On la trouve au sucre et à profusion dans les salons de la Une. LCI est plus chiche en fruits rouges, mais les propose nappés de chocolat à ses invités.
TF1 et LCI jouent la complémentarité. Les leaders sont sur la Une tandis que les autres défilent à l'antenne de la chaîne info. "Il n'y aura pas de gros, seulement du demi-gros" , regrette-t-on à la chaîne info. En coulisse, à TF1, les vainqueurs du non ne se mélangent pas. Olivier Besancenot arrive en force, entouré d'une dizaine de militants musclés. A LCI, Jean-Pierre Chevènement, sur le départ, a égaré son imperméable. Le garde des sceaux, Dominique Perben, s'inquiète d'éventuelles mises en cause de Jacques Chirac. Pour l'instant, "seul Philippe de Villiers" a évoqué la démission du président.
A RTL, c'est l'effervescence. Une cinquantaine de personnes sont mobilisées pour l'émission spéciale, qui se déroule de 21 heures à 23 h 30. Elle est animée par Ruth Elkrief et Jean-Michel Apathie. "Mais notre vrai prime-time, c'est demain matin" , souligne Lorraine Willems, directrice de la communication, avec une matinale spéciale "après référendum" de 7 h 30 à 9 heures.
Même ambiance, à quelques pas, dans les studios d'Europe 1. Une émission spéciale est animée par Yves Calvi, de 21 h 30 à minuit. Une soixantaine de personnes ont été mobilisées par la radio. Vers 23 h 30, Jean-Pierre Elkabbach prépare les sandwiches. Son émission du lendemain matin accueillera des invités politiques dès 8 h 15.

Guy Dutheil, Daniel Psenny et Pascale Santi
Article paru dans l'édition du 31.05.05

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