25.5.05

Liban : l'opposition se présente en ordre dispersé aux législatives

LEMONDE.FR | 25.05.05 | 08h09  •  Mis à jour le 25.05.05 | 08h39

Le général Aoun a refusé de partager avec les ténors sunnite et druze de l'opposition une importante circonscription au sud-est de Beyrouth, en vue des élections législatives de dimanche 29 mai.L'ancien chef de gouvernement, revenu au Liban le 7 mai après quinze ans d'exil forcé en France, a justifié sa décision par son refus de "marchander" le partage des 11 sièges musulmans et chrétiens suivant une logique confessionnelle dans la circonscription d'Aley-Baabda.

PAS D'ACCORD AVEC HARIRI ET JOUMBLATT

"Nous ne sommes pas parvenus à un accord. Nous allons vers une confrontation dans la circonscription d'Aley-Baabda après l'échec de longues négociations", avec des représentants de MM. Hariri et Joumblatt, a déclaré lors d'une conférence de presse, le général Aoun, qui avait été évincé du pouvoir par une offensive syrienne en octobre 1990.
Dès son retour au Liban, le général Aoun, qui jouit d'assises populaires importantes chez les chrétiens notamment, s'était posé en "libérateur" en raison des sacrifices consentis pendant une dizaine d'années par ses partisans contre le régime syro-libanais et de ses efforts déployés aux Etats-Unis.
Contrairement à ses pairs au Liban, le général a appuyé ouvertement la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU enjoignant Damas de retirer ses troupes présentes depuis vingt-neuf ans chez son petit voisin.
A quelques jours des législatives, il se veut également au-dessus de la mêlée confessionnelle, chantre du changement et champion de la lutte contre la corruption.
Appréhendant d'avance l'impact de ce retour, M. Joumblatt s'était plu quant à lui à répéter que c'est l'assassinat, le 14 février, de l'ex-premier Rafic Hariri, père de Saad Hariri, qui avait accéléré "le retrait" le 26 avril de l'armée syrienne.

AOUN VOUDRAIT S'OCTROYER LA PART DU LION

Le désaccord sur le partage des 11 sièges d'Aley-Baabda (cinq maronites, trois druzes, deux chiites, un orthodoxe) que M. Joumblatt considère comme son fief, présage de l'impossibilité de former des listes communes dans la circonscription voisine du Chouf, ainsi que dans les deux circonscriptions du Liban Nord.
"Les pourparlers qui concernaient plus d'une circonscription sont arrêtés et il y aura des batailles électorales partout", a déclaré le député du courant Hariri, Ghattas Khoury. Waël Abou Faour, proche de M. Joumblatt, a confirmé que le désaccord est "total" avec le général Aoun et que les discussions ont achoppé sur les quotas.
"Le général Aoun en demande trop : trois sièges maronites, un orthodoxe et un chiite, alors M. Joumblatt et Hariri lui proposaient deux sièges maronites", a-t-il précisé. Quant au général Aoun, il a imputé l'échec d'une semaine de négociations ardues au refus de MM. Hariri et Joumblatt "qu'il puisse désigner des candidats musulmans".
Il a affirmé être sûr, sur la base de sondages privés, que les candidats qu'il présentera dans la circonscription d'Aley-Baabda, en accord avec des alliés chiites et druzes, remporteront la majorité des sièges.
Les quelque 250 000 électeurs de cette circonscription, où le Hezbollah chiite - en principe allié de M. Joumblatt - a son mot à dire, sont à moitié chrétiens et à moitié musulmans. Lors des dernières législatives en 2000, 10 des 11 députés d'Aley-Baabda faisaient partie du bloc de Joumblatt. En réponse à une question, le général Aoun a nié "être isolé" ,"car le peuple est avec moi", a-t-il affirmé. "Bien avant mon retour, l'opposition s'était partagé le gâteau électoral dans l'espoir que je me contenterai d'un siège par ci, par là", a-t-il accusé.
La rupture avec le général Aoun pose en outre la question de l'avenir des relations avec l'opposition chrétienne, regroupée sous la houlette du chef de l'Eglise maronite, Nasrallah Sfeir, pour les batailles électorales dans les circonscriptions du Metn et du Kesrouan-Jbeil. En effet, le général Aoun compte en composer les listes et s'octroyer la part du lion.

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