26.5.05

Pascal Lamy officiellement nommé à la tête de l'OMC

LEMONDE.FR | 26.05.05 | 17h12  •  Mis à jour le 26.05.05 | 19h06

Les 148 membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont officiellement choisi Pascal Lamy, de la France, pour devenir le cinquième directeur général de l'organisation", écrit l'institution internationale dans un communiqué publié jeudi 26 mai, à l'issue d'une réunion à huis clos de son conseil général, qui s'est tenue au siège de l'institution, à Genève. M. Lamy succédera donc au Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, le 1er septembre, pour un mandat de quatre ans.
L'OMC, chargée de définir les règles du commerce international, a approuvé sans surprise le choix du comité de sélection : le 13 mai, celui-ci avait préféré cet homme de 58 ans, commissaire européen de 1999 à 2004, à son challenger, l'Uruguayen Carlos Perez del Castillo. Deux autres candidats avaient déjà renoncé : le Brésilien Luiz Felipe Seixas Correa, éliminé le 18 avril, et le Mauricien Jayen Cuttarree, évincé le 3 mai.
M. Lamy avait beau être le seul candidat d'un pays développé, il a réussi à convaincre ses interlocuteurs qu'il saurait défendre les intérêts des pays en développement, comme il a défendu ceux de l'Union européenne lorsqu'il était à Bruxelles.
C'est à ce titre qu'il avait été, avec le représentant américain au commerce de l'époque, son "ami" Robert Zoellick, l'un des principaux architectes du cycle de négociations lancé à Doha (Qatar), fin 2001. Ce marathon de négociations ambitionne de mettre la libéralisation des échanges au service du développement des pays pauvres. 

CONCLURE LE CYCLE DE DOHA

M. Lamy, qui n'était pas présent sur place pour sa désignation, s'est déclaré, dans un communiqué, "très honoré" d'avoir été choisi et a annoncé sa détermination de mener à bien les négociations sur la libéralisation des échanges mondiaux lancées à Doha. "Je suis convaincu que nous avons maintenant une tâche essentielle à accomplir : la conclusion du cycle de négociations, a déclaré M. Lamy. Cela sera ma priorité numéro un, ma priorité numéro deux, ma priorité numéro trois."
Reprenant les principes du cycle de Doha, le futur patron de l'OMC a souhaité que "l'ouverture commerciale contribue de façon plus importante au développement" et promis de "veiller à ce que les intérêts des pays en développement soient placés au cœur du système commercial multilatéral". Il a indiqué qu'il consacrerait les prochaines semaines à préparer son équipe afin d'être "pleinement opérationnel" lors de sa prise de fonctions, dans trois mois.
Le cycle de Doha, qui devait être bouclé fin 2004, n'a tenu aucune des échéances fixées lors de son lancement. La conférence ministérielle de Cancun (Mexique), en septembre 2003, avait même viré à l'affrontement Nord-Sud, les pays pauvres exigeant des pays industrialisés la fin des entraves au commerce des produits agricoles. Les premiers avaient alors reproché à Pascal Lamy d'ignorer leurs demandes. Et lui avait qualifié l'OMC de "médiévale", pour n'être pas parvenue à faire émerger le consensus indispensable à toute prise de décision. Depuis, Pascal Lamy a fait une importante concession aux pays en développement  : en mai 2004, il a accepté de mettre sur la table l'élimination des subventions aux exportations agricoles.
Une fois à son nouveau poste, le "moine-soldat", comme l'appelle son ancien mentor Jacques Delors, dont il fut le chef de cabinet à la Commission européenne de 1984 à 1994, aura moins de quatre mois pour préparer la prochaine conférence ministérielle de l'OMC. Prévue du 13 au 18 décembre à Hongkong, cette rencontre est considérée comme une étape cruciale vers la conclusion du cycle, espérée fin 2006.

Avec AFP et Reuters

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