6.6.05

Comme une hirondelle au printemps

La question européenne n’arrête pas d’inquiéter le landernau politique. Une crise sans précédent frappe, non pas seulement les systèmes politiques, mais surtout les idées. C’est bien de notre futur en commun qu’il s’agit, et non pas de l’avenir de Laurent Fabius au sein du Parti socialiste français, de Nicolas Sarkosy au sein du gouvernement, ou de Jacques Chirac. Le « séisme » du 21 avril 2002, auquel a succédé celui du 29 mai, porte en effet sur un choix de société, et certainement sur l’impréparation de la France à entrer dans le XXIe siècle. Le reste n’est qu’effet d’entraînement dans une peur face à des liens dont on ne sait où ils vont mener. Cette peur est universelle, engendrée par une mondialisation que la médiatisation tend à rendre violente et meurtrière.
Pourtant, il reste des raisons d’espérer pour l’Europe. Après l’avoir résolument rejetée en 1995, la Suisse vient de faire un pas de plus vers elle. Par 54,6 % des voix et 56 % de participation, elle vient d’accepter d’intégrer les systèmes dit de Schengen et de Dublin. Il faut remonter au scrutin du 3 mars 2002 sur l’adhésion de la Suisse à l’ONU pour trouver un meilleur score (58 %). Ce référendum intervenait quelques jours après les deux scrutins négatifs pour l’Europe, en France et aux Pays-Bas, qui avaient fait craindre un effet d’entraînement. Tous les cantons de Suisse romande ont dit oui, contre une minorité en Suisse alémanique. Schengen et Dublin font partie des accords bilatéraux signés l’an dernier par la Suisse avec l’Union européenne, dont elle ne fait pas partie.
Schengen supprime les contrôles systématiques des personnes aux frontières (sauf aux aéroports), en échange d’une coopération policière et judiciaire renforcée. Les accords de Dublin prévoient qu’un demandeur d’asile refoulé par l’un des pays membres ne peut déposer de demande dans un autre Etat, ce qui éliminerait 20 % des demandes faites en Suisse. L’espace Schengen, mis en place en 1995, comprend pour l’instant 13 pays membres de l’UE (Grande-Bretagne et Irlande exceptées), plus la Norvège et l’Islande.
Quand à l’avenir de l’Europe, il ne faut pas désespérer. La Grande-Bretagne ne profitera pas de ses six mois de présidence pour achever le processus et constituer cette vaste zone de libre-échange qu’est déjà, à y regarder de près, l’Europe. Il faut maintenant s’atteler à dépasser le cadre économique pour aborder le politique. La clé de l’avenir est là. Mais passionner les foules de nos jours, c’est comme attendre les hirondelles au printemps…

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