3.6.05

La guerre qui ne dit pas son nom

Quelque six cent soixante-douze Irakiens ont péri et mille cent soixante-quatorze ont été blessés dans les violences qui se sont produites au mois de mai en Irak, soit près de 19 % de plus qu’en avril, selon des statistiques fournies par trois ministères. En avril, cinq cent soixante-sept Irakiens avaient été tués et six cent soixante-dix-huit autres blessés. Pour ce qui concerne exclusivement les civils, quatre cent trente-quatre Irakiens ont été tués et sept cent soixante-quinze blessés dans trente-trois attentats à la voiture piégée, dix-sept explosions de bombes et trente attaques armées d’après le ministère de la santé. Le ministère de l’Intérieur fait état de la mort de cent cinquante de ses membres pour le mois de mai dans cinquante-neuf attaques à la voiture piégée, à la bombe et des assauts armés. En avril, quatre-vingt-dix-huit tués avaient été dénombrés, ainsi que trois cent vingt blessés. Le ministère de la défense, de son côté, fait état de quatre-vingt-huit soldats tués et soixante-dix-neuf autres blessés. Chez les insurgés, deux cent quatre-vingt-sept rebelles ont été tués en mai, contre soixante-quatre en avril, toujours selon le ministère. En avril, le bilan des Irakiens tués dans les violences avait déjà augmenté de près de 50 % par rapport à mars.
A cette sinistre comptabilité s’ajoute les attentats de ce mois qui n’a que deux jours. Jeudi matin 2 juin, deux attentats ont fait au moins neuf tués et trente-neuf blessées à Tûz Khormatu et de Kirkuk, au nord du pays. Dans le premier, une voiture piégée a explosé près d’un restaurant où se trouvaient des gardes d’un haut responsable irakien. Un autre attentat à la voiture piégée s’est produit une heure plus tard à Kirkuk Un enfant de quatre ans a été tué et onze autres civils ont été blessés alors qu’ils se trouvaient à l’entrée du complexe de la Compagnie du pétrole du Nord (NOC). Quatre personnes, dont le vice-président du conseil de la province de Diyala, ont également été tuées jeudi et cinq autres blessées dans un attentat-suicide à la voiture piégée à Bâquba, au nord de Bagdad.
Dans la capitale, un attentat-suicide commis mercredi matin près d’un point de contrôle sur la route de l’aéroport a fait quinze blessés. Le groupe du Jordanien Abû Mussab al Zarkawi a revendiqué cette attaque dans un communiqué diffusé sur Internet. Le secrétaire d’Etat américain à la défense, Donald Rumsfeld, a vivement exhorté, mercredi, les pays voisins de l’Irak à ne pas soigner celui qui est considéré comme le chef d’al Qaïda et qui serait blessé. « Si un pays voisin l’accueille et lui offre une assistance médicale ou un refuge, nous interpréterons ce geste comme une association avec le réseau al Qaïda », a-t-il déclaré.
Et les raids lancés par l’armée américaine et les forces irakiennes afin de tenter de sécuriser Bagdad se soldent toujours par un maigre résultat. Des dizaines de suspects ont bien été arrêtés. Mais un soldat irakien est mort empoisonné et neuf autres se trouvent dans un état critique après avoir consommé des pastèques empoisonnées offertes par un vendeur. Rien ne va plus en Irak, où la population rejette de plus en plus l’occupation américaine. Dès lors, la guérilla ne se résume plus seulement à une lutte entre sunnites et chiites, comme on tend à nous le faire croire. On assiste à une résurgence du Baas. C’est la base, et non al Qaïda, qui est pointe dans ce combat. Et tant que l’on pourchassera le terrorisme internationale, il sera impossible de pacifier l’Irak.

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