15.11.04

Le défi sécuritaire

La mort de Yasser Arafat inquiète les experts en sécurité des différents gouvernements impliqués dans la question palestinienne. Tous craignent une flambée de violence dans les territoires sous administration de l’Autorité palestinienne. Pourtant, des raisons d’espérer existent pourtant. Nonobstant le drone du Hizballah qui aurait survolé cinq à douze minutes l’espace aérien israélien la semaine dernière, selon le général Moshe Yahalou devant la commission des Affaires étrangères de la Knesset, la sécurité d’Israël ne semble pas être en cause. Aussi loin que l’on reprenne les déclarations des groupes extrémistes palestiniens, deux logiques semblent s’affronter : la première se manifeste par des attentats contre les intérêts palestiniens, en manifestation aux mesures coercitives israéliennes ; lesquelles sont le résultat de la corruption de l’Autorité palestinienne, contre laquelle s’élèvent aussi le Hamas et les autres brigades Yasser Arafat… Le maintien au pouvoir du Raïs défunt impliquait cette terreur, non parce qu’il était un terroriste, comme l’affirmait haut et fort Ariel Sharon, mais parce qu’il était dépourvu de projet politique. Yasser Arafat a de cela de commun avec les dirigeants post-coloniaux d’Afrique et d’Asie qu’à trop penser la fin de la main-mise coloniale, il en a oublié de se projeter dans la vie de son Etat dans des relations pacifiques et normalisées. La surenchère terroriste, mêlant groupes indépendants et émanations du Fatah, était la marque de l’impossibilité de l’Autorité palestinienne d’avancer plus avant vers la paix. Il est vrai que les interlocuteurs israéliens ne manifestaient pas la meilleure volonté. Mais Yasser Arafat était incapable de formuler quelque proposition que ce soit.
Sa mort devrait débloquer le processus de paix. Les Etats-Unis et Israël, qui estimaient que le vieux Raïs n’était plus un interlocuteur valable, se retrouvent aujourd’hui sans excuse pour retarder plus avant l’émergence d’un véritable Etat palestinien. Les nouveaux dirigeants palestiniens, passés les soixante jours d’intérim, devront faire le choix de maintenir le système corrupteur endémique d’Arafat ou de revêtir les atours de politiques responsables. La lutte contre la corruption, même s’il ne faut pas s’attendre à l’utilisation de critères européens (et encore, quelle Europe ?), ralliera les forces politiques, délaissant le terrorisme, qui n’appartiennent pas à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Quant à la vieille organisation du temps de guerre, elle doit de toute urgence se transformer en autant de structures partisanes qu’il existe de sensibilités dans ce front encore uni. Enfin, les pays arabes, qui se sont toujours désintéressés du sort des palestiniens, doivent accompagner le mouvement. Déjà, une délégation d’officiers égyptiens circulerait dans la bande de gaza, venant du Sinaï…

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