10.11.04

Internet et mouvance terroriste

Le site de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, à Lyon, présente une très intéressante étude, datée du 17 juin 2004, de Jean-François Legrain, « Internet et histoire : les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. Les pages Internet comme sources de l’histoire du temps présent » (http://www.mom.fr/guides/aqsa/aqsa_c.htm). Elle met en évidence les raisons des organisations terroristes ou dissidentes de communiquer. Son observation s’étend du 14 février 2002 au 31 décembre 2003. Si l’auteur néglige l’aspect international de la question, c’est pour mieux mettre en évidence la dimension locale de ce mode de communication particulièrement prisé des médias de masse à l’échelle mondiale.
Il identifie sept sites principaux, certains se déclinant en sites miroirs, d’autres non :
a) www.kataebalaqsa.org (jusqu’au 31 décembre 2002), www.kataebaqsa.org, www.kataebaqsa.net, www.kataebaqsa.com (à partir du 20 janvier 2003), www.kataebalaqsa.com, www.kataebalaqsa.net (après août 2003) (KQ),
b) www.alaqsamartyres.org, www.fateh.tv, www.alaqsa.ws, www.fatehorg.net, http://moqawama.cc, www.kataebalaqsa.org (après juillet 2003), www.kataebalaqsa.net (jusqu'en août 2003), www.gups.net (à partir de février 2004) (AM),
c) www.kataebaqsa1.com (KQ1COM),
d) www.fatehorg.org et www.fateh-org.org (FO),
e) www.palvoice.com (PV),
f) www.mshwaika.8m.com (MS),
g) www.abosharar.com (ASH).
Inévitablement se pose la question d el’authentification. Et de proposer, en plus de deux logos majeurs et multiples déclinaisons de deux entêtes, treize modes de signatures différents :
Katâ’ib Chuhadâ’ Al-Aqsâ,
Katâ’ib Chuhadâ’ Al-Aqsâ//Filastîn,
Al-Jaych Al-Cha'bî//Katâ’ib Chuhadâ’ Al-Aqsâ,
Al-Jaych Al-Cha'bî//Katâ’ib Chuhadâ’ Al-Aqsâ//Filastîn,
Katâ’ib Chuhadâ’ Al-Aqsâ fî Filastîn,
Majmû'at Chuhadâ' Intifâdat Al-Aqsâ,
Majmû'at Katâ’ib Chuhadâ' Al-Aqsâ,
Appellations de type Qiyâda,
Wihdat Mukâfahat Al-Fasâd,
Les hapax,
Katâ’ib Al-Aqsâ,
Les appellations régionales ou locales,
Les communiqués signés par Hâjj Abû Ahmad.
“Si la réalité du lien entretenu par les membres des Brigades avec Fath ne souffre aucun doute, sa caractérisation demeure difficile à préciser tant les données sont contradictoires. L’attitude des dirigeants de Fath, en dépit du refus le plus souvent affiché dans leurs communiqués et sur leurs sites Internet de reconnaître les Brigades comme relevant directement de leur mouvement, a connu des épisodes fort contrastés. La mise en œuvre de la méthode historique dans l’approche des documents touchant aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa amène à remettre en question de façon radicale l’historiographie habituellement en vigueur, non seulement dans son approche en termes tant d’instrumentalisation par Fath des Brigades, une organisation supposée unifiée et hiérarchisée, mais également dans son enfermement des Brigades dans une sociologie exclusive de jeunes de l’Intérieur. Ceux qui, au sein de la génération de la première Intifada, avaient joué le jeu de l’autonomie après avoir été à la pointe de la mobilisation armée n’épuisent en rien l’échantillon des fondateurs et autres responsables des Brigades. Un certain nombre parmi ces derniers, en effet, témoignent d’un âge plus avancé, la cinquantaine, et sont des returnees originaires de Gaza ou de Cisjordanie dont l’expérience militaire a été acquise dans les « pays de la confrontation », Jordanie, Syrie, Liban et Irak, une expérience mise ensuite au service de l’autonomie. Les itinéraires politiques des fondateurs et responsables des premières cellules des Brigades et leur articulation sur certains traits générationnels ne sauraient, cependant, à eux seuls rendre compte des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et de leur insertion dans l’Intifada. Ce n’est, en effet, qu’avec la prise en compte de leur mode de fonctionnement dans le cadre de leur propre société que le tableau s’organise en entier. L’ensemble des cellules s’inscrivent ainsi dans un espace géographique restreint et cohérent par sa sociologie. Le phénomène des Brigades s'insère ainsi pleinement dans le mode de fonctionnement traditionnel du politique en Palestine, basé sur le jeu entre les solidarités locales primaires et l’échelon national. “

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