8.11.04

Licorne française

Neuf personnels tués et vingt-trois blessés en Côte d’Ivoire.
La France paye moins le prix de son inconsistante politique africaine depuis une décennie que les errances de sa politique de défense. Il est clair que les bombardements des Sukoï et les attaques des « jeunes patriotes » sont des réalités concrètes du terrain. Mais la limitation des moyens de la défense nationale française a également leur part de responsabilité. Depuis vingt ans, les budgets militaires et les lois de programmation sont systématiquement amputés. Les relèves de personnels, à travers le monde (Afghanistan, ex-Yougoslavie, Afrique), désorganisent les unités. Les matériels sont sinon obsolètes, au moins usés ; ainsi tel régiment ou unité d’instruction dont la dotation théorique de véhicules de l’avant blindés (VAB) permet à peine d’en présenter le 14 juillet quatre : les autres sont soit hors d’usage soit cannibalisés… Le même constat peut être fais pour la Marine, dont la presse s’était largement fait l’écho du mauvais état des bâtiments, il y a de cela deux ans.
La mort de neuf fantassins de marine n’est évidemment pas le résultat de ce manque de volonté politique. Mais l’état des personnels résulte de cette politique. Le maintien en condition des hommes et des matériels est assuré, depuis la fin de la Guerre froide, par ces opérations extérieures. Heureusement qu’il y a eu les sacs de riz de Bernard Kouchner à destination de la Somalie pour permettre la continuité opérationnelle des armées françaises. Mais la dissémination des hommes et l’enchaînement des missions à conduit à une usure des personnels autant que des matériels. La fermeture des postes avancées du dispositif de coopération militaire française n’a pas suffi à combler les manques de moyens. Tout juste a-t-elle permis un affaiblissement de la position française et ouvert la porte à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
La professionnalisation des armées françaises devait permettre une amélioration opérationnelle. La position de la France dans le conflit américain contre l’Irak s’éclaire sous un autre jour si l’on avance l’état de l’armée française. Les éléments détachés dans les opérations de maintien ou de rétablissement de la paix à travers le monde ne permettaient pas à la France de réunir un contingent significatif pour l’Irak, ainsi qu’une relève. L’abstention politique était la meilleure solution. Le reste n’est que politique…

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