17.11.04

Pour réinventer la IVe république

Non, il ne s’agit pas d’un nouvel avatar d’Arnaud de Montebourg, le populiste député socialiste qui recycle les idées du Front national en termes d’organisation constitutionnelle. Il s’agit simplement de la construction administrative de l’Europe. Les systèmes de recrutement privilégiant les éléments nationaux étaient connus. Leurs conséquences politiques étaient tout autant connues. Il suffisait de connaître un député ou un chef d’unité et le tour était joué. Le cousinage fonctionne à tous les étages et les quotas nationaux ont débordé rapidement en orientations politiques. D’une élection parlementaire à une autre, les fonctionnaires recrutés par les institutions européennes prirent étrangement une couleur rose, à l’image des hémicycles de Strasbourg.
Et puis vint la nomination de l’allemand Klaus Welle, à la fin de l’année 2003, à la tête de la Direction générale 2 du secrétariat général du Parlement européen, chargée des Politiques intérieures. De ce poste, l’ancien secrétaire général du groupe parlementaire démocrate-chrétien (PPE) dirige l’administration du Parlement, puisque ses compétences couvrent six domaines essentiels : les politiques économique et scientifique (A), structurelles et de cohésion (B), les droits des citoyens et les affaires constitutionnelles (C), les affaires budgétaires (D), la coordination législative et la conciliation (E), et les relations avec les Parlements nationaux. Que le spoil system touche les chefs d’unité et les hauts-fonctionnaires de ces institutions semblaient admis. A chaque législature, la présidence changeait et, avec elle, la haute administration. Comme au temps de la IVe république française, les fonctionnaires continuaient à gérer les affaires pendant que le cabinet s’effondrait à la Chambre des députés. L’arrivée de Klaus Welle semble avoir mis fin à cette tradition. Mais, au lieu d’établir une Ve république, il a approfondi les mesures politiques discriminatoires aux recrutements d’administrateurs. Etrange pour une institution dont les mots d’ordre scandent depuis des années la parité ! En fait, à y regarder de plus près, cette politique de recrutement va justement dans le sens de l’ajustement paritaire…

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