25.1.05

Considérations sur la guérilla irakienne (3)

Les infiltrations pourraient être atténuées par un renforcement du degré de l’entraînement des troupes. Voilà pourquoi les partenariats avec les sociétés militaires privées américaines, avec l’Italie, avec l’Allemagne et maintenant avec la France et avec l’OTAN sont nécessaires. Mais il est illusoire de croire que la guérilla cessera de pénétrer les structures de sécurité irakiennes. Elle a trop besoin de renseignement à propos des mouvements de troupes et des plans d’action. Elle retire trop d’avantages aux tiraillements qu’elle peu ainsi générer entre les troupes américaines et les troupes irakiennes. La confusion et la méfiance sont ses meilleures alliées, puisqu’elles minent profondément l’efficacité de toute entreprise de sécurité.
Les infiltrations montrent une fois de plus que la guérilla répond à un plan clairement organisé. Elles appartiennent à une stratégie réfléchie. Les Américains pensent immédiatement aux entreprises subversives du Vietcong, au Sud-Vietnam. Les Britanniques se souviennent de la stratégie de l’IRA, au lendemain de la Pâques sanglante de 1916. A chaque fois, l’objectif était politique et la guérilla triompha. Ce rappel historique n’est pas de bonne augure en Irak, à la veille des élections du 30 janvier prochain. Nombre de policiers et de militaires font en ce moment le dos rond, aidant occasionnellement les partisans. Ils attendent de peser sur l’après-élection, quitte à se laisser aller à un coup d’Etat. Alors que la politique de communication de l’armée américaine entend porter l’attention du public sur ses éléments islamiques, salifistes pour faire comme les médias, la guérilla reste largement intégrée dans le schéma stay-behind initié par Saddam Hussein et le parti ba‘as. Les accointances de ce parti dans les pays voisins, la Syrie naturellement, mais aussi l’Iran et la Jordanie, permettent l’approvisionnement en armes et en argent. L’implantation dans le pays et la bonne connaissance des lieux permettent de se mouvoir sans trop de difficultés. Le reste n’est qu’espionnage et contre-espionnage. Et comme nombre de spécialistes irakiens appartiennent à ces « armées islamiques » et autre Mahdi, paravents de l’opération de Saddam Hussein…
Certains experts affirment que les Chi‘ites, qui représentent 60 % de la population, purgeront les forces de sécurité après leur victoire. Ils remplaceraient notamment les officiers sunnites par des gradés de leur obédience religieuse. Par contre, d’autres experts estiment que tant que les troupes américaines resteront stationnées en Irak, la portée de ces purges sera limitée, car les Etats-Unis ne permettront pas une remise en cause ethnique et religieuse qui pénaliserait les minorités.
Pendant ce temps, les fonctionnaires du régime intérimaire continuent de laisser leur vie pour l’avènement de la démocratie en Irak.

Aucun commentaire: