27.1.05

La paix maintenant ?

Il faut parfois sauver la face de ceux avec qui l’on négocie pour garantir une paix durable. Surtout au Proche-Orient où, plus qu’ailleurs peut-être, tout est affaire de médiatisation. Les Israéliens avaient réussi à empêcher une réédition de la première Intifada en imposant aux médias occidentaux la figure d’un Yasser Arafat organisateur de la terreur. Ce discours empêcha les couvertures favorables de la première époque, où les petits lanceurs de pierre avaient fait la Une des journaux. Il limitait les commentaires au risque de se voir calomnier par tous les amis d’Israël. La France a même fait l’objet d’un traitement préventif, aidé en cela par les Etats-Unis, en déclenchant une polémique sur son antisémitisme dès le début des événements de Palestine ; il est vrai que des attaques contre les personnes et les biens juifs avaient eu lieu au même moment.
Mais ce discours s’adressait aux Palestiniens. Il nuisait à la position du Hamas, privé de sa lutte contre Arafat par cette couverture médiatique redondante. Le président de l’Autorité palestinienne ne s’y est pas trompé en lançant ses Brigades des martyrs d’Al-Aqsa concurrencer dans la violence celles du mouvement islamiste, les Brigades Iz al-Din al-Qassam. La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre, démantelant pas la force tous les nids de résistance palestiniens, à commencer par la police de l’Autorité, et mettant au point ce discours éliminant toutes négociations tant que les terroristes ne seraient pas arrêtés ou qu’Arafat serait vivant.
La donne a changé aujourd’hui. Avec l’élection à la présidence de l’Autorité palestinienne du négociateur d’Oslo, Mahmud Abbas, les Israéliens disposent d’un interlocuteur connu et apprécié. Toutefois, les problèmes sécuritaires persistent. Aussi, les policiers palestiniens ont-ils reçus l’autorisation de Jérusalem de reprendre place dans le paysage de Gaza. Aussi, des négociations ont-elles repris entre responsables de la sécurité palestinienne et de la sécurité israélienne. Mais, médiatiquement, la décélération ne va pas aussi vite. Passé dans le domaine passionnel, le conflit israélo-palestinien a généré toutes sortes d’extrémistes, aussi bien du côté palestinien qu’israélien. Ces marginaux vont tenter, tentent déjà de revenir à une période de tensions. Des attaques suicides et des représailles ont encore lieu. Cependant, le ton de la presse, faisant suite à celui des réactions politiques des deux côtés, ne semble pas remettre en cause le processus engagé vers la paix. Reste à espérer que la médiatisation « pacifiste » de la seconde Intifada permettra de déboucher sur une démocratisation de la Palestine et un retrait colonial d’Israël.

Aucun commentaire: