10.2.05

Sommet historique des ministres de la défense de l’OTAN à Nice

C’est la première fois depuis qu’elle a quitté le commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique en 1966, que la France accueille une réunion informelle des ministres de la défense de l’OTAN. Le lieu n’est pas anodin en regard des sujets qui y seront discutés : l’Irak et l’Afghanistan
La réunion a commencé hier par un dîner dans un hôtel sur les hauteurs de la ville où se sont retrouvés les vingt-six ministres de la défense de l’OTAN et le secrétaire-général de l’Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, sans leurs délégations réparties dans d’autres pièces. Mais le gros du travail a lieu aujourd’hui. Le ministre de la défense française Michèle Alliot-Marie, a jugé que cette réunion était « une occasion de souligner la complémentarité et la bonne entente » de l’organisation et de l’Union européenne. Elle tend également à confirmer le poids pris par la France depuis son retour dans l’alliance, il y a dix ans. Elle en est le deuxième contributeur en troupes et le cinquième en fonds. De plus, des généraux français commandaient actuellement les deux opérations majeures de l’OTAN en Afghanistan et au Kosovo.
Mais l’alliance reste aussi un outil de la politique américaine. Aussi, le secrétaire américain à la défense, Donald Rumsfeld, entend parler de l’Irak. Sur le destroyer USS O’Bannon, au large de Nice, il a espéré que les élections débouchent sur la nomination d’un gouvernement modéré. « Et nous avons besoin de dirigeants musulmans modérés dans ce monde, pour contribuer à la lutte contre l’extrémisme », a-t-il lancé aux marins du USS O’Bannon, en écho au discours de l’état de l’Union de George W. Bush. Tout en reconnaissant que la route serait « difficile »…
Une trentaine d’organisations altermondialistes et de gauche françaises et italiennes regroupées dans un « Collectif pour la Paix » rassemblant un millier de personnes ont manifesté mercredi en fin d’après-midi "pour la paix, la démocratie dans le monde et contre la politique guerrière de l’OTAN". Ouvert par une banderole proclamant "l’OTAN menace le monde, troupes hors d’Irak", le cortège a marché pendant deux heures dans la ville pour se disperser vers 19 h.
Le ministre russe de la défense, Sergueï Ivanov, qui devait participer jeudi à un conseil OTAN-Russie, est arrivé en début de soirée mercredi, tout comme M. de Hoop Scheffer et la majorité des ministres de la défense de l’OTAN.
La réunion est consacrée à ces thématiques américaines, à travers les efforts de réconciliation sur l’Irak — l’enjeu est tout de même la planification de la mission de formation des forces de sécurité irakiennes à laquelle le président français Jacques Chirac s’est finalement rallié — et l’extension des activités de l’Alliance en Afghanistan. Dans ce dernier pays, l’Alliance s’y trouve en première ligne depuis qu’elle a pris en 2003 le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), forte actuellement d’environ 8 300 hommes et longtemps cantonnée à Kaboul. Elle met la dernière main au dispositif qu’elle entend déployer dans l’ouest du pays.
Cette réunion intervient aussi sur fond d’intense activité diplomatique pour relancer les relations transatlantiques, quelques jours après la visite du secrétaire d’Etat Condoleeza Rice dans les capitales européennes et deux semaines avant la visite du président américain George W. Bush le 22 février à Bruxelles pour un double sommet de l’OTAN et l’Union européenne.

Aucun commentaire: