4.3.05

La bataille de l’information

La recette est bien connue et rodée depuis longtemps. Mais les événements qui ont suivi le 11 Septembre, pérennisant un état de guerre permanente, ont érigé les médias au rang d’arme de guerre. En fait, et c’est peut-être en cela que réside la véritable Révolution dans les affaires militaires, initiée autour des techniques de l’information et de la communication, la guerre moderne se caractérise par le fait que le conflit est aussi porté dans la quatrième dimension, celle de l’information. Bien qu’il soit interdit par le Congrès américain aux services de renseignement d’utiliser des journalistes, sans qu’il leur soit interdit d’en prendre la couverture, bien que le président George W. Bush se soit engagé à ne pas « acheter » de journalistes, suite à l’épisode Daniel Pearl en Afghanistan, personne n’a oublié les services de l’Office of Special Plan pendant l’offensive contre l’Irak, à partir du printemps 2002. Aujourd’hui, la presse américaine, revenue à une attitude de « watchdog », qui est la sienne lors de toute sortie de crise (même si la situation ne s’est pas calmée en Irak, nous sommes bien sortie de la crise, comme en témoigne cette tendance du cinéma hollywoodien à sortir, comme chaque fois qu’une guerre est finie, des films d’horreurs), commence à montrer l’ampleur de la bataille de l’information. Contrairement aux médias, il n’existe pas de fin à ce cycle. Les entités montées pendant les heures chaudes restent opérationnelles une la paix restaurée. Leur mission reste la même, assurant une propagande à destination des anciens ennemis. C’est aussi par ce moyen que l’Empire contrôle les « Terrae incognitae ».
La fin de la Guerre froide avait amené à une redéfinition du rôle assignée à Radio Free Europe. Après avoir gagnée la bataille de l’information contre les soviétiques, elle partit s’installer à Prague ; le symbole était évident : l’instrument de la victoire s’installait en terre conquise, accompagnant l’offensive culturelle à destination de la Tchécoslovaquie. Ainsi se formait une nouvelle élite favorable aux Etats-Unis. En plein cœur de la « nouvelle Europe ». Ces questions sont importantes à l’heure où va se décider le sort d’une constitution engageant le continent.
La guerre contre le terrorisme obéit aux mêmes logiques. Seulement, le front est plus diffus, les zones de tensions à l’arrière du théâtre officiel des opérations sont nombreuses, même si elles ne supposent pas encore un traitement militaire. Entre alors en scène la diplomatie publique, cette arme initiée par les Etats-Unis dans la Guerre froide et réactualisée au moment de la définition des Low Intensity Conflicts, la hissant au rang de volet civil d’opérations militaires de basse intensité. Ce à quoi correspond l’asymétrie actuelle.
Afin de promouvoir leur politique, les Etats-Unis pilotent ainsi des sites web depuis leur bases installées en Europe. Parmi ces sites, on compte le Southeast European Times (www.setimes.com) destiné à un large public installé dans les Balkans, et Magharebia (www.magharebia.com) source multilingue d’informations sur le Maghreb sponsorisée par le US European Command (EUCOM) (www.eucom.mil). Toutefois, les journalistes rémunérés pour mettre en ligne une information calibrée semblent être devenus embarrassants pour le gouvernement américain. Bien que le Président des Etats-Unis, George W. Bush, se soit engagé à ne pas rémunérer de journalistes pour promouvoir sa politique, Paul Wolfowitz, bras droit de Ronald Rumsfeld, a fait savoir qu’il revient au prestataire d’engager des rédacteurs « qui ne porteront pas le discrédit sur le gouvernement américain ».
Le Département de la Défense mène actuellement une investigation en interne pour faire la lumière sur les relations entre l’armée américaine et les journalistes qu’elle rémunère indirectement. Pour rémunérer des journalistes, l’EUCOM passerait par la société privée Anteon Corp. (www.anteon.com), basée à Fairfax, Virginie. Elles opèrent dans le domaine des solutions et des services aux technologies et aux systèmes d’information. Elle conçoit, intègre, maintient et améliore les systèmes de dernier cri pour la défense nationale, le renseignement, des mesures d’urgence et d’autres missions gouvernementales prioritaires. Son client principal est le gouvernement fédéral. Elle fournit également à tous les services militaires, au département de la défense, à presque toutes les agences gouvernementales et à de nombreuses autres agences civiles et militaires au service du gouvernement l’analyse de systèmes, l’intégration et les qualifications de gestion de programme nécessaires pour contrôler leurs systèmes de développement et d’opérations. Son centre de solutions de logiciel a obtenu la certification du niveau CMM 3 de l’institut de technologie de la programmation (SEI) et plusieurs de ses divisions sont certifiés OIN 9001.

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