20.6.05

Au Koweït, la première femme nommée ministre a prêté serment

LEMONDE.FR | 20.06.05 | 20h34  •  Mis à jour le 20.06.05 | 21h52

La première femme ministre du Koweït, Maasouma al-Moubarak, a siégé, lundi 30 juin au Parlement, et prêté serment, suscitant les protestations de députés islamistes.
En vertu de la loi koweïtienne, un ministre devient automatiquement membre de facto du Parlement où il bénéficie des mêmes droits que les députés élus, à l'exception du droit de vote des motions de défiance contre les membres du gouvernement.
Au moment de la prestation de serment de Mme Moubarak, des députés islamistes et tribaux, opposés aux droits politiques des femmes, se sont mis à crier et à taper sur leurs pupitres. Mais cela n'a pas semblé la perturber outre mesure.
Selon ces députés, sa nomination est "anti-constitutionnelle" car elle n'a pas été inscrite comme électrice. Ils soutiennent que la loi électorale du Koweït stipule que les membres du Parlement, y compris les ministres, doivent figurer sur la liste électorale. Mais Mme Moubarak ne pouvait pas se faire inscrire sur les listes électorales car l'enregistrement annuel sur ces listes se déroulait en février alors que les Koweïtiennes n'ont obtenu leurs droits politiques qu'en mai 2005.

"GRANDE VICTOIRE POUR LES KOWEÏTIENNES ET LA DÉMOCRATIE"

Le président de la Chambre, Jassem al-Khorafi, a informé le Parlement qu'il avait étudié la question avec des experts en droit constitutionnel qui lui ont affirmé que la nomination de Mme Moubarak était légale.
Quelques Koweïtiens, dont des femmes, ont assisté à la chambre à la prestation historique de serment. Habillée d'un ensemble à fines rayures bleu foncé et coiffée d'un hijab de couleur crème, Mme Moubarak était parmi les premiers ministres à arriver dans l'enceinte du Parlement. "C'est une grande victoire pour les Koweïtiennes et pour la démocratie", a lancé Mme Moubarak aux journalistes.
Mme Moubarak, diplômée d'une université américaine et professeur de relations internationales à l'université du Koweït, a été nommée le 12 juin ministre de la planification et secrétaire d'Etat au développement administratif. C'est la première fois dans l'histoire du Koweït qu'une femme est nommée ministre.
Après sa prestation de serment, elle a prononcé un discours dans lequel elle a remercié l'émir du Koweït, cheikh Jaber al-Ahmad al-Sabah, actuellement hospitalisé aux Etats-Unis, pour ses efforts en faveur des droits politiques des femmes. "C'est un grand jour pour les Koweïtiennes, qui ont milité avec détermination et résolution afin de s'assurer leurs pleins droits" politiques, a-t-elle ajouté.

NOUVELLE REQUÊTE DES ISLAMISTES

Des députés islamistes ont indiqué qu'ils allaient déposer une demande pour soumettre la nomination de Mme Moubarak à la Cour constitutionnelle. M. Khorafi a refusé d'accepter une telle demande ce lundi, jour de séance spéciale pour une discussion budgétaire.
La demande devrait être déposée la semaine prochaine mais il faudrait s'assurer le feu vert du Parlement, qui semble difficile à atteindre du moment que les opposants à la nomination de la ministre sont une minorité.
Le 5 juin, le gouvernement koweïtien avait désigné, pour la première fois dans l'histoire de l'émirat, deux femmes dans l'unique conseil municipal du pays, dont 10 des 16 membres avaient été élus trois jours plus tôt.
Les Koweïtiennes ont obtenu le 16 mai le droit de vote et d'éligibilité à la faveur d'un amendement par le Parlement de la loi électorale, longtemps bloqué sous l'influence des députés islamistes et tribaux. Les femmes étaient privées de leurs droits civiques depuis l'indépendance du pays, en 1961. Mais elles devront attendre les prochaines élections législatives, en juillet 2007, pour exercer ces droits, puis lors des municipales en 2009.

Avec AFP

Aucun commentaire: