23.6.05

La solitude de Tony Blair

La charge thatchérienne du Premier ministre britannique Tony Blair a-t-elle les conséquences que l’on lui prête ? Avant que le futur président semestriel ne présente ce matin son programme européen, on peut s’interroger sur sa marge de manœuvre. Alors que Jean-Claude Juncker laisse un bilan des plus prometteurs depuis longtemps, malgré les trois lourds échecs finaux des « Non » français et hollandais à la Constitution et de la conflagration franco-britannique sur le budget 2007-2012, Tony Blair n’arrive pas avec le même a priori favorable. Le Premier ministre britannique est l’artisan de l’échec de Bruxelles de la fin de la semaine dernière. Il a cherché à contrebalancer l’axe franco-allemand, comme il est de tradition dans la diplomatie britannique depuis Margaret Thatcher, en profitant de l’apparente faiblesse de Jacques Chirac. Même si le Président de la république française est plus apparu à cette occasion comme un ministre de l’Agriculture que comme un chef d’Etat, le chef du gouvernement britannique s’est comporté comme plus préoccupé par des considérations nationales qu’européennes. Preuve en est l’attitude finale des dix derniers entrants…
Pour autant, même si Tony Blair est plus seul que jamais, la présidence britannique qui commence sur un échec fondamental amènera l’Europe à s’interroger sur elle-même. L’interrogation face la menace de l’inertie, comme la pose Tony Blair, devrait amener à se concentrer au moins six mois, c’est court mais se sera peut-être suffisant, sur la cohésion à apporter à l’Union. Le Premier ministre britannique permettra peut-être à l’Europe de quitter cette apparence de « marché économique » pour intégrer une dimension politique, non seulement institutionnelle mais « culturelle ». Toutefois, au-delà des discours, il faudra à Tony Blair montrer qu’il ne défend pas une position nationale, mais bien une idée d’union européenne. L’exemple de Churchill est présent à l’esprit. Ce conservateur britannique a plus fait avancer l’Europe que les incantations de tous les pro-Européens de ces cinquante dernières années. Le Premier ministre britannique promet le changement pour se renouveler. Voyons ce qu’il en sera dans six mois…

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