Les autorités américaines seraient en contact avec les rebelles en Irak

LEMONDE.FR | 26.06.05 | 17h33  •  Mis à jour le 27.06.05 | 09h40

Après les révélations du Sunday Times qui affirmait, dans son édition du dimanche 26 juin, que les autorités américaines ont eu récemment des discussions secrètes avec les chefs de plusieurs groupes radicaux irakiens, le secrétaire à la défense américain, Donald Rumsfeld, a reconnu que "nous facilitons de temps à autre" ce type de rencontres. Invité à s'exprimer sur le sujet à la télévision américaine, il s'est toutefois refusé à préciser quand et avec qui avaient eu lieu ces contacts et souligné qu'il ne fallait pas exagérer leur portée et que Washington "ne négociait pas avec les terroristes".
M. Rumsfeld a fait un distinguo entre les djihadistes du groupe Al-Zarkaoui qualifiés de "criminels" et les anciens baasistes sunnites qui "voudraient reprendre le contrôle du gouvernement". Il a indiqué que la tactique américaine était de diviser une insurrection multiforme. "Bien sûr, la première chose que vous voulez faire, c'est diviser les gens et chercher leur ralliement", a-t-il déclaré.
Le chef du commandement central américain (Centcom), le général John Abizaid, a également minimisé sur CNN l'importance des contacts avec les rebelles irakiens. "Je ne suis pas sûr que j'appellerais cela un dialogue entre des responsables américains et les insurgés", a-t-il dit. "Je dirais que les responsables américains et irakiens recherchent les bonnes personnes à qui parler dans la communauté sunnite", a-t-il ajouté.

RENCONTRES LES 3 ET 13 JUIN

Selon le journal dominical britannique, deux rencontres entre des responsables américains et des membres des groupes rebelles auraient eu lieu les 3 juin et 13 juin dans une villa proche de Balad, à environ 25 kilomètres au nord de Bagdad. D'après le Sunday Times, qui cite des sources irakiennes non identifiées, les groupes Ansar Al-Sunna, l'Armée de Mohammed et l'Armée islamique en Irak ont participé à ces entrevues. L'un des Américains s'est présenté comme un représentant du Pentagone et s'est dit prêt à "trouver des moyens de faire cesser le bain de sang des deux côtés et à écouter les revendications et doléances". Il aurait également fait savoir que les résultats des discussions seraient relayés à ses supérieurs à Washington.
Toujours selon le Sunday Times, les responsables américains ont tenté d'obtenir des informations sur la structure, le commandement et les opérations des groupes radicaux, ce qui a irrité certains de leurs membres à qui on avait promis que les discussions porteraient sur leur principale exigence, celle d'un calendrier pour le retrait des troupes américaines en Irak.
Lors des discussions du 13 juin, les Américains auraient exigé que deux autres groupes, celui de la Révolution de 1920 et le Conseil des moudjahidines, rompent tous les liens avec le groupe du Jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui.
Dans un communiqué publié en son nom sur Internet, Ansar Al-Sunna, responsable de dizaines d'attentats meurtriers et d'enlèvements en Irak, a "catégoriquement" démenti avoir rencontré des émissaires américains.


Avec AFP et AP