10.6.05

L'ONU affirme que des forces syriennes seraient toujours présentes au Liban

LEMONDE.FR | 10.06.05 | 08h20  •  Mis à jour le 10.06.05 | 09h09

L'ONU dispose d'informations selon lesquelles certains éléments des forces syriennes seraient encore au Liban. Elle pourrait décider le renvoi sur place de la mission de vérification, a indiqué, jeudi 9 juin, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Une mission de vérification de l'ONU envoyée sur place pour s'assurer de la réalité du retrait du Liban des forces syriennes, exigé par la résolution 1559 du Conseil de sécurité, avait remis le 23 mai dernier un rapport confirmant le retrait des troupes, qui avait été annoncé par Damas le 26 avril.
Quelque 200 personnes, en majorité des Libanais, se sont réunies, jeudi 9 juin au soir, place Victor-Hugo à Paris, à proximité de l'ambassade du Liban, pour "rendre hommage" au journaliste assassiné Samir Kassir et "demander justice". Les manifestants défilaient avec des portraits du journaliste avec la mention écrite en arabe "le martyr de l'intifada de l'indépendance". Le journaliste franco-libanais d'opposition Samir Kassir a été tué le 2 juin à Beyrouth par une charge explosive placée sous sa voiture.
[-] fermerElle avait également affirmé n'avoir trouvé aucune trace d'une présence au Liban des services de renseignement syriens, tout en soulignant la difficulté de l'établir avec certitude, compte tenu de la nature souvent "clandestine" de ce genre d'éléments. La déclaration, jeudi, de M. Annan répondait à la question de savoir s'il était vrai qu'il était "réticent" à l'idée de renvoyer l'équipe de vérification pour s'assurer que les services de renseignement syriens avaient vraiment quitté le Liban et pourquoi il avait décidé en revanche d'envoyer Terje Roed-Larsen, son représentant spécial pour le suivi de l'application de la résolution 1559, à Damas pour rencontrer le président Bachar Al-Assad.
L'ONU avait annoncé, lundi dernier, que M. Annan avait demandé à M. Roed-Larsen "de se rendre dès que possible en Syrie pour rencontrer le président Bachar Al-Assad". Pour expliquer l'urgence apparente de cette décision, l'ONU s'était alors contentée d'indiquer que M. Annan s'attendait "à ce que les Nations unies et le gouvernement syrien continuent de travailler étroitement ensemble pour assurer la pleine application de la résolution 1559". Interrogé de nouveau sur cette décision, M. Annan a indiqué que M. Roed-Larsen serait porteur d'un message de sa part au président syrien, s'entretiendrait avec lui de "développements sur le terrain" et reviendrait faire rapport à l'ONU la semaine prochaine.

CONDOLEEZZA RICE CRAINT D'AUTRES ATTENTATS

Kofi Annan s'est refusé à révéler la teneur de son message à Bachar Al-Assad, éludant la question de savoir s'il avait un rapport avec l'assassinat du journaliste libanais Samir Kassir. L'opposition libanaise anti-syrienne a rendu le président libanais, Emile Lahoud, et son "régime policier pro-syrien" responsables de l'assassinat, le 2 juin dans un attentat à la bombe à Beyrouth, de Samir Kassir, un journaliste franco-libanais connu pour son opposition à la présence syrienne au Liban.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné, mardi, "dans les termes les plus vigoureux, l'attentat terroriste" qui a tué Samir Kassir, "un journaliste libanais symbole d'indépendance politique et de liberté", qu'il a qualifié d'"atteinte dangereuse à l'indépendance politique du Liban".
Les Etats-Unis redoutent d'autres d'assassinats politiques au Liban, a déclaré, jeudi 9 juin, la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, alors que deux quotidiens américains assurent que l'administration Bush a été informée de l'existence d'une "liste noire syrienne" de cibles libanaises potentielles. "Ce dont nous ne voulons pas, c'est d'un système d'assassinats de personnalités, parce que cela serait très, très déstabilisant au Liban, et je pense qu'il faudrait désigner ces forces qui déstabilisent le Liban", a déclaré la responsable de la diplomatie américaine, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision publique PBS.

CRAINTES DE L'OPPOSITION

De son côté, le leader druze d'opposition Walid Joumblatt a affirmé que les services de renseignement syriens agissaient encore au Liban, avertissant que les assassinats dans ce pays vont "se poursuivre avec ou sans la connaissance du président syrien Bachar Al-Assad" dans une interview télévisée. Le député libanais a accusé l'ancien chef des services de renseignement militaire syrien au Liban, le général Roustom Ghazalé, d'intervenir dans le processus électoral en cours, ajoutant que ses lieutenants continuaient d'agir un peu partout dans le pays.
"Les Syriens sont partis mais leurs services de renseignement sont restés pour perpétuer leur tutelle et faire peur aux gens", a ajouté M. Joumblatt. "Je considère que toute l'opposition est visée."

Avec AFP et Reuters

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