6.7.05

Gladio, le retour ?…

Il y a quinze maintenant que les structures Gladio, ces réseaux stay-behind de la Guerre froide, organisés par les services de renseignement des pays de l’OTAN, tirant les leçons de la Seconde Guerre mondiale, ont soi-disant été dissout. En fait, certains pays, dans la France, ont conservé leurs structures parce qu’elles n’avaient pas (dé)failli. D’autres, comme la Belgique ou l’Italie, les ont dissoute, à grand renfort de médiatisation. Mais leurs structures étaient plus particulières, liées à la situation politique locale et à la menace communiste supposée et avérée. Les premières avaient fait parler d’elles à l’occasion de l’épisode dit des « tueurs fous du Brabant Wallon », au milieu des années 1980 ; elles étaient une réaction contre l’influence des Cellules communistes combattantes, qui menaçaient les structures de l’OTAN. En Italie, les cellules Gladio avaient partie liée avec les loges P2 et l’extrême droite.
C’est une structure similaire qui a été mise au jour par le parquet de Gênes, occasionnant ordonnant trois arrestations et la mise en examen en examen vingt-quatre personnes, pour moitié des policiers. Très liée au Mouvement social italien (MSI, néofasciste) dont elle se voulait le bras armé, elle se présentait comme une cellule « d’observation » parallèle aux polices officielles sur les islamistes, les antimondialistes, la gauche radicale et modérée et se revendiquait ouvertement de George W. Bush. Ses ambitions principales semblent avoir été d’abord d’« éliminer le terrorisme islamique et protéger le pape ». Afin de lutter contre le terrorisme, cette structure, appelée « département d’études stratégiques antiterroristes » (DSSA), organise ainsi des filatures, elle surveille des lieux soupçonnés d’être des couvertures et filme plusieurs individus.
Bien que son chef proclamé, Gaetano Saya, se proclame des services secrets de l’OTAN (sic) et de l’organisation Gladio, la presse italienne, le Corriere della Sera et La Repubblica, indiquait de manière lapidaire que le DSSA n’était qu’un « groupe de néofascistes ». Gaetano Saya, 50 ans, activiste d’extrême droite, ancien collaborateur des services secrets, franc-maçon d’une loge secrète qui se présentait comme un « criminologue » spécialisé en information, propagande et guérilla, lors de son passage entre dix-neuf et vingt-quatre ans, dans ses fameux services secrets de l’OTAN, en était le cerveau. Riccardo Sindoca, était son adjoint. Il se vantait également d’être « au service de l’Otan pour défendre les Etats-Unis du complot islamique ». Le DDSA avait pignon sur rue et, selon son fondateur, émargeait aux budgets de l’Otan et de l’Union européenne. En fait, derrière les allures de matamores et les déclarations enfiévrées de ses membres, l’enquête révèle une nébuleuse d’extrémistes plus ambitieux qu’influents, plus velléitaires qu’organisés, mais tout de même capables d’infiltrer des enquêtes officielles et de les détourner à leurs propres fins. La DSSA était proche d’un syndicat de police, l’Union nationale, lié à un groupuscule d’extrême droite, Destra Nazionale.
Quelque cent cinquante membres avaient été recrutés, notamment parmi les forces de l’ordre. C’est pourquoi la révélation de la formation d’un groupe de police parallèle crée un petit malaise en Italie. D’abord, parce qu’elle intervient alors que le gouvernement est en pleine polémique avec les autorités américaines à propos l’enlèvement de l’imam Abou Omar par la CIA, en plein Milan, en 2003. Mais, surtout, le ministère de l’Intérieur craint que d’autres groupuscules « parallèles » aient mis un pied dans les forces de l’ordre italiennes. Avec en arrière-plan la crainte de voir resurgir les années de plomb…

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