11.7.05

Le débat sur l'élargissement du Conseil de sécurité de l'ONU s'annonce houleux

LEMONDE.FR | 11.07.05 | 20h10  •  Mis à jour le 11.07.05 | 21h33

L'Assemblée générale des Nations unies a entamé, lundi après-midi 11 juillet, dans un climat de controverse, le débat sur l'initiative du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) en vue d'un élargissement du Conseil de sécurité. Le débat devrait se poursuivre au moins jusqu'à mercredi avec possibilité d'un vote vendredi, a estimé, lundi matin, un diplomate d'un pays actuellement membre du Conseil.
Le projet du G4 se heurte à des propositions concurrentes et, dans les couloirs de l'ONU, les doutes sur ses chances de succès sont perceptibles. La discussion porte officiellement sur "la question d'une représentation équitable au sein d'un Conseil de sécurité élargi".
Le sujet est évoqué à l'ONU depuis une douzaine d'années. Il y a consensus pour estimer que, dans sa composition actuelle, presque inchangée depuis la création de l'Organisation en 1945 avec 50 Etats membres, le Conseil ne reflète plus la réalité du monde d'aujourd'hui alors que l'ONU compte 191 pays.
Le Conseil a aujourd'hui quinze membres, dont cinq permanents dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), et reflète les rapports de forces au sortir du second conflit mondial. Les dix non-permanents sont élus pour deux ans et non immédiatement rééligibles, par groupe géographique.
Au cœur du débat, se trouve désormais le projet de résolution déposé par le G4, prévoyant d'élargir le Conseil à 25 membres, en créant six nouveaux sièges permanents sans droit de veto et quatre non permanents.
Le G4, qui a pris tout le monde de vitesse, et pousse à une décision avant le sommet mondial de septembre – devant en principe entériner une vaste modernisation de l'ONU –, ne désigne pas les destinataires de ces sièges. Mais l'idée est que les six nouveaux permanents seraient le G4 et deux pays africains à désigner.

CONTRE-PROJET AFRICAIN

Modifier la composition du Conseil nécessite d'abord un vote à la majorité des deux tiers, soit 128 voix sur 191, à l'Assemblée générale, où le veto n'existe pas. Malgré l'optimisme affiché par le G4, dont la résolution est parrainée par 23 autres pays, il est loin d'être sûr de rassembler 128 voix.
Le soutien du groupe africain qui, avec 54 membres, peut jouer un rôle clé, est notamment loin de lui être acquis, puisque ce groupe a fait circuler parmi les Etats membres sa propre proposition d'élargissement du Conseil. Basé sur les conclusions du sommet de l'Union africaine la semaine dernière à Syrte (Libye), ce projet prévoit une expansion du Conseil à 26 membres, avec six nouveaux sièges permanents dotés du droit de veto dont deux pour l'Afrique.
Ce projet n'a que peu de chance d'aboutir, car la plupart des membres permanents actuels du Conseil refusent catégoriquement de partager le privilège du veto. Malgré tout, les Africains pensent déposer formellement leur projet mercredi, en vue d'un vote ultérieur, ce qui apparaît comme une tentative de blocage du G4.

UNE TROISIÈME PROPOSITION

Enfin, le groupe "Unis pour le consensus", animé par des rivaux régionaux du G4 (Italie, Pakistan, Mexique, Argentine), a fait circuler un troisième projet de résolution, radicalement différent.
Cette proposition consiste en l'élargissement du Conseil à 25 membres, mais sans nouveau siège permanent. Dans ce schéma, les pays élus aux sièges permanents pour deux ans seraient immédiatement rééligibles.
Plusieurs pays, comme le Pakistan et la Chine, ont mis en garde le G4, vendredi, contre un vote qui serait, selon eux, facteur de "division des Nations unies".
Lundi matin, Abdallah Baali, l'ambassadeur d'Algérie, a déclaré que "si le G4 estime approprié de soumettre son projet au vote, c'est bien, mais il devra s'assurer qu'il a la majorité requise". Interrogé pour savoir si l'Algérie soutiendrait le G4, il a répondu : "Je ne pense pas qu'il puisse avoir notre voix, nous allons faire en sorte qu'il ne l'ait pas."

Avec AFP

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