AFP
[jeudi 07 juillet 2005 - 21h32]
LONDRES (AFP) - Les autorités britanniques redoutaient depuis longtemps que Londres ne soit frappée par le terrorisme islamiste, après New York et Madrid, et multipliaient les avertissements pour préparer la population.
Un attentat contre Londres est "inévitable", affirmait début 2004 John Stevens, alors patron de Scotland Yard.
"La question n'est pas s'il y aura un attentat, mais quand", insistait-il quelques mois plus tard.
Son successeur Ian Blair a décrit jeudi les quatre attentats meurtriers comme "une situation que nous avions envisagée et à laquelle nous sommes préparés".
Dès 2002, le Premier ministre Tony Blair affirmait que la menace d'une attaque d'Al-Qaïda dans la capitale britannique était "réelle et grave".
Londres paraissait visée en raison de la solidarité du gouvernement Blair avec les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, qui s'est traduite par une forte présence britannique dans les rangs des coalitions en guerre en Afghanistan, puis en Irak.
L'an dernier, l'Institut international d'études stratégiques (IISS) avait prévenu que les attentats de Madrid, qui avaient conduit à la défaite du gouvernement de José Maria Aznar, avaient montré aux islamistes que "de nouvelles attaques terroristes pourraient affaiblir le soutien d'autres alliés aux Etats-Unis".
La répétition d'attentats en Europe semblait "probable" pour cette raison, dans la mesure où la mouvance Al-Qaïda paraît s'en prendre aux alliés de l'Amérique en allant "des hésitants aux forts - l'Arabie saoudite, la Turquie et puis l'Espagne".
L'institut concluait ainsi son raisonnement: "Logiquement, Al-Qaïda devrait frapper ensuite le Royaume-Uni".
La part des dépenses publiques consacrées à la sécurité du pays est passée de 950 millions de livres (1,425 milliard d'euros) avant 2001 à 1,5 milliard de livres (2,25 milliards d'euros) sur l'exercice budgétaire 2004-2005 et doit atteindre 2,1 milliards de livres (3,2 milliards d'euros) à l'horizon de 2008.
De nouvelles lignes de crédits ont été ouvertes pour la décontamination après d'éventuelles attaques nucléaires, bactériologiques ou chimiques. La police anti-terroriste et les services de secours ont aussi reçu un important coup de pouce financier.
Le Times avait enfin révélé il y a un an que le MI5, le service britannique de sécurité intérieure, implanterait des bureaux hors de son quartier général londonien, dans plusieurs villes du centre et du nord de l'Angleterre.
"L'échelle de la menace terroriste est telle que le MI5 et la police doivent pouvoir travailler de plus près", avait déclaré une source gouvernementale au quotidien conservateur.
La police a aussi multiplié les exercices d'alerte et les tests grandeur nature de ses dispositifs de secours.
La ville "est bien préparée pour les incidents majeurs" mais "du travail est nécessaire pour affronter l'échelle et la nature de nouvelles menaces", avait évalué un rapport de London Resilience, une agence gouvernementale mise en place après le 11 septembre.
Le Royaume-Uni s'est aussi doté d'une législation antiterroriste sévère. Elle permet de limiter sans inculpation la liberté des suspects jusqu'à, dans certains cas, leur imposer des quasi-arrêts à domicile.
Cette loi a suscité une controverse majeure au Parlement, les Lords illustrant à cette occasion la tradition britannique de défense des libertés individuelles.
Les mesures supplémentaires qui pourraient être prises sont limitées, a commenté un expert interrogé jeudi par la chaîne Sky News. Elles consisteraient à "infiltrer des groupes si possible, utiliser des officiers sur le terrain, obtenir des informations du public".
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