27.7.05

Le second bourgeon d’un printemps précoce

La libération de Samir Geagea, hier, après son amnistie du 15 juillet, marque vraiment la réussite du printemps libanais. Non qu’il soit le seul élément résolument anti-syrien de la « résistance » libanaise ; le général Michel Aoun et le Druze Walid Jumblatt en sont d’autres. Mais il est un des hommes qui ont vraiment permis la pacification libanaise et la fin de la guerre civile. Si Michel Aoun n’avait pas été exfiltré, au terme d’un marché tripartite entre Français, Syriens et Américains, au moment de la première guerre du Golfe, nul doute qu’il aurait suivi le même destin. Encore que l’exil soit aussi une forme d’enfermement… Bien sûr, Samir Geagea a fait le mauvais choix, puisque son soulèvement contre le pouvoir légitime (il était à l’époque le dernier Premier ministre nommé par un président légitimement élu) du général Aoun, s’il permit l’entrée en vigueur des accords de Taïf, l’a conduit directement en prison, sans passer par la case ministère comme ses « collègues » chefs de guerre ralliés opportunément (comme lui d’ailleurs) à Damas.
Le chef de la milice chrétienne des Forces libanaises avait été jugé et incarcéré onze années pour des crimes commis pendant la guerre civile (1975-1990) au Liban. Il était soupçonné d’avoir perpétré un attentat à l’explosif contre une église qui avait fait onze morts. Innocenté de l’attentat qu’il était accusé d’avoir organisé et qui a servi de prétexte pour lever l’amnistie sur les crimes passés, Samir Geagea a été condamné à quatre peines de mort. Elles ont toutes été commuées en prison à vie pour des crimes perpétrés pendant la guerre civile, notamment l’assassinat en 1987 du premier ministre sunnite prosyrien Rachid Karamé.
Les élections de ce printemps, auxquelles le parti des Forces libanaises, bien qu’officiellement interdit, avaient participé aux côtés des opposants à Damas liés à Hariri, ont permis de solder ce compte de la guerre civile. Elles offrent ainsi un véritable terme à la prééminence syrienne au Liban.

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