7.7.05

Vive la France !

Après le « non » à la Constitution européenne, voilà que les Jeux olympiques échappent à Paris, capitale de la France, centre culturel universel, lumière des lumières… Et New York est une pomme…
Comme le dit ce matin dans « le Figaro » Pascal Boniface, « la France est dans une mauvaise passe ». Soit… Mais les insinuations de mauvais coup de Londres n’en sonnent que plus fausses. Peut-être que le quotidien russe « Kommerzant » a-t-il une tonalité plus juste ? Certes, il parle pour l’échec de Moscou. Mais il se demande bien si les autorités russes avaient bien estimé les chances de la candidature. Bien sûr, avec quatre voix de plus que Paris, Londres n’a pas gagné par défaut. Le combat a été âpre, ce qui montre que la France n’est pas dans une aussi mauvaise passe que cela. Mais comme le souligne Pascal Boniface, les Français aiment bien s’autoflageller…
Le sort fait à la candidature de Paris est peut-être plus profond, témoignant moins d’une autoflagellation, comme il y a des autosatisfactions, que d’une incapacité de la France à se situer dans le monde d’aujourd’hui. Ce « cher et vieux pays » qu’aimait tant le général de Gaulle semble de plus en plus en décalage avec la réalité. La candidature de Londres a bénéficié de plusieurs éléments. Comme le souligne Ken Livingstone, toujours dans « le Figaro », la capitale britannique touche les bénéfices de trente ans d’absence d’investissements urbains. Contrairement à Paris, qui en était à sa troisième candidature, Londres ne présentait ce côté endormi, déjà vu, mais offrait une image de mouvement. Malheureusement, c’est aussi l’image du pays… Depuis trente ans, la France a peut-être investi dans sa capitale, mais a sûrement laissé s’endormir son capital. Les transports publics sont peut-être défaillants à Londres — et encore —, mais ils sont en grève en France. Surtout quand la commission olympique vient évaluer sur place la candidature olympique de Paris. On se garde bien de le dire aujourd’hui. C’est vrai qu’il est plus simple d’accuser Londres d’avoir joué le jeu du lobbying, un art dans lequel les Français ont encore du chemin à faire. Même chose en matière de diplomatie publique.
La France est aujourd’hui un pays morose. Elle a la « gueule de bois » d’avoir cru que Zinedine Zidane pouvait être un succédané à une politique, d’avoir cru que « la liberté, l’égalité, la fraternité » signifiaient encore quelque chose dans ses villes de grande solitude, que les Jeux olympiques de 2012 pourraient lui faire oublier les insuffisances de projet national… Une civilisation de paravent, où les maux entre un vieux sage français et un jeune loup usé britannique suffisent à témoigner de la rivalité de deux vieilles nations. Où les choix médiatiques dictent les réalités politiques et les projets de société. Une civilisation de l’éphémère.
Mais les Jeux auront lieu à Londres, comme la Coupe de l’America navigue entre Méditerranée et Baltique… C’est l’Europe qui gagne à chaque fois.

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