1.8.05

Du Tsunami au Niger

Tel pourrait être le raccourci d’un premier semestre 2005 tel que nous l’avons observé. Et un constat possible serait d’une totale contradiction… Entre la débauche médiatique dont a fait l’objet le premier tsunami d’Asie du sud, en pleine période de Noël, touchant des Occidentaux en vacances pour la majeure partie, et l’impossibilité pour les secousses suivantes, comme pour les famines génocidaires du Darfour et du Niger, à percer dans les médias occidentaux, apparaissent les limites de toute gouvernance mondiale. Les espoirs de démocratie mondiale que tentent, aussi naïvement que vainement, des Etats-Unis en proie à un délire impérial se dissolvent dans les impératifs des agendas médiatiques.
Un mois après le « Live 8 », censé apporter la même mobilisation financière que lors du tsunami, mais à l’égard de l’Afrique, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants continuent à mourir dans le plus désintérêt de l’ensemble de l’humanité. Ils n’ont rien à envier à ces Irakiens qui disparaissent sous l’effet des bombes à Bagdad ou ailleurs. Là, la raison en est la banalité apparente, cette répétition qui ne captivent pas les audiences médiatiques, qu’elles soient professionnelles — la presse écrite et audiovisuelle — ou statistiques — le public. On se souvient de ce journaliste britannique qui, au début de la guerre afghane, parlait de ce conflit si invisible qui ennuyait la presse, au motif qu’il n’y avait rien à rapporter…
Il est vrai que ce large vide médiatique sur les réalités mondiales de la vie humaine est contrebalancé par la psychose d’une terreur universelle autant qu’aveugle qui agite tous les écrans vidéos et les colonnes des journaux, non seulement d’Occident mais plus généralement du monde entier. On en parle même au Niger… Depuis le 7 juillet, nous sommes tous Londoniens, comme nous avons tous été New-Yorkais après le 11 septembre 2001 et tous Madrilènes après le 11 mars 2004…
En fait, pour le moment, cédant à un sentiment pressant d’égoïsme, nous sommes surtout tous en vacances, au moins jusqu’au 22 août. On verra alors si le monde à vraiment changé. Combien de massacres en Bosnie, au Darfour ou ailleurs, ou de déluge meurtrier liés à la mousson se sont produites parce que les marronniers étaient de retour dans les médias occidentaux, leurs correspondants à l’étranger, déjà de moins en moins nombreux, profitant d’un repos largement mérité…
Bonnes vacances à tous et à toutes, qui nous suivez avec une assiduité que nous avons parfois du mal à honorer comme elle le doit. Merci de votre confiance. Et n’hésitez pas à parler de nous…

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