30.8.05

Repli stratégique

Repli stratégique

La question que tout le monde se posait concernait la signification réelle de l’évacuation des colonies israélienne de Gaza. Le quotidien Maariv, du 26 août, apporte un début de réponse. Selon des chiffres du ministère israélien de l’Intérieur qu’il publie, plus de douze Israéliens se sont installés dans des colonies de Cisjordanie entre septembre 2004 et juillet 2005, dont six mille pour la seule année 2005. Depuis le lancement du plan de retrait de Gaza, poursuit le quotidien, plus de dix-huit mille nouveaux colons se sont installés en Cisjordanie, dans les colonies les plus radicales, comme dans les implantations ultrareligieuses situées près de la Ligne verte. Comme le retrait de Gaza n’a concerné officiellement que huit mille cinq cent personnes, le solde de la colonisation reste largement positif. Le nombre de colons dépasserait désormais deux cent cinquante mille en Cisjordanie, sans compter les quelque deux cent mille habitants des quartiers de colonisations construits dans la partie orientale de Jérusalem. Dans ce contexte, les nouvelles confiscations de terres autour de Jérusalem, annoncées mercredi dernier, laissent peu augurer de l’avenir.
Certes l’opposition de l’administration américaine a amené le gouvernement israélien a remiser en début d’année son projet de création d’une nouvelle colonie. Mais ce dernier n’en poursuit pas moins l’encerclement des quartiers arabes, où les Palestiniens souhaitent installer un jour leur capitale. Et les nouveaux cent vingt hectares de terres confisqués, où sera notamment construit un quartier général de la police, entre Jérusalem et la grande colonie de Maale Adoumim, située plus à l’est, est le plus cinglant démenti à tous les espoirs de paix. En effet, le recentrage des prétentions israéliennes sur l’hinterland de l’Etat hébreu hypothèque largement les chances d’un Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem… En politique intérieure, il témoigne d’une volonté ségrégationniste, c’est-à-dire de rupture totale avec les Palestiniens. L’entreprise de « purification ethnique » se fera comme toujours dans cette région du monde, par expulsion ou par asphyxie. Pour les colons évacués de Gaza, l’épisode qui se jouait était digne de la Shoah. Mais ils se trompaient lourdement d’époque : c’était un air mâtiné de 1948 et de 1967, sur une partition de 1979.
Cette politique prépare un nouveau raidissement israélien, plutôt qu’elle n’annonce la paix. Déjà, les limites du repli israélien se font sentir, et la dernière explosion d’un kamikaze à Bercheeva n’y est pour rien. La presse israélienne a indiqué, vendredi, que le gouvernement israélien souhaitait toujours conserver, pour des raisons de sécurité, les contrôles des marchandises et des personnes entrant à Gaza à partir de l’Egypte. Israël veut que ce transit passe par son territoire. La coalition Sharon-Peres a également toutes les chances de vivre ses derniers moments : les ministres travaillistes comptent en effet s’opposer à la création de ce quartier général de la police. Eitan Cabel, le secrétaire général du parti que dirige Shimon Pérès, a d’ailleurs estimé que les travaillistes pourraient quitter le gouvernement aux alentours du mois de novembre, puisque les dernières opérations liées au retrait de Gaza devraient être achevées, ce qui aurait vraisemblablement pour conséquence l’organisation d’élections législatives anticipées. L’ancien ministre des finances Benyamin Nétanyahou, qui a démissionné du gouvernement juste avant le début du retrait, pourrait prochainement annoncer sa candidature pour la direction du Likoud, détenue par le Premier ministre, M. Sharon.

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