30.8.05

Liban : arrestations dans l’Affaire Hariri

Monde

Sous la pression de la commission d’enquête de l’ONU, la justice libanaise a arrêté trois anciens chefs de sécurité pro-syriens dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de l’ancien Premier ministre libanais le 14 février dernier.

Par G.T (avec agences)
mardi 30 août 2005 (Liberation.fr - 13:14)

«La justice libanaise doit retrouver sa crédibilité pour pouvoir instruire des affaires et juger des coupables». L’exhortation du magistrat allemand Detlev Mehlis, chargé par le Conseil de sécurité de l’Onu d’une commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, le 14 février dernier à Beyrouth, semble avoir fait mouche auprès des autorités libanaises. Le rapport préliminaire, présenté en fin de semaine dernière au Conseil de sécurité soulignerait notamment que «plusieurs témoins probables n’ont pas confiance dans les services de sécurité libanais et le corps judiciaire». Mardi, la justice libanaise a donc créée la surprise en annonçant l’arrestation de trois anciens chefs des services de sécurité et leur tranfert au siège de la commission à Monteverdi, au nord-est de Beyrouth. Le chef de la garde présidentielle également sous le coup d’un mandat d’arrêt, le général Moustapha Hamdane, s’est quant à lui spontanément constitué prisonnier en se rendant seul dans les locaux de la commission d’enquête.
La commission Mehlis, nommée le 7 avril dernier, avait signé avec les autorités libanaises un mémorandum stipulant qu’elle pouvait demander à la justice libanaise l’émission de mandats d’arrêt contre des personnes qui seraient impliquées dans l’assassinat de Hariri. Le général Hamdane, nommé en 1998 à la tête de la Garde présidentielle par le président actuel Emile Lahoud, avait déjà été interrogé en tant que «suspect» par la commission Mehlis. Il avait refusé de démissionner de son poste après cet interrogatoire. Les autres officiers pro-syriens arrêtés mardi, anciens chefs des services de sécurité libanais qui avaient été contraints de quitter leurs postes à la suite de l’assassinat de Hariri, sont les anciens responsables de la Sûreté générale, le général Jamil el-Sayed, des Renseignements de l’armée, le général Raymond Azar et de la Sécurité intérieure le général Ali al-Hage. Ces quatre responsables de la sécurité seront interrogés en tant que «suspects», a annoncé mardi matin à la télévision locale Fouad Siniora, l’actuel premier ministre libanais. L’ancien ministre et ancien député Nasser Qandil, proche de la Syrie, fait également l’objet d’un mandat d’arrêt. Les services de sécurité ont perquisitionné son domicile, alors qu’il se trouve actuellement à l’étranger.
L’assassinat de Rafic Hariri avait accéléré le retrait des troupes syriennes, présentes au Liban depuis 29 ans, et qui ont quitté le pays fin avril sous la pression internationale conformément à la résolution 1559 de l’Onu. L’attentat à l’explosif, qui, outre Hariri, a coûté la vie à 18 autres personnes, avait en effet été imputé par l’opposition anti-syrienne aux services de sécurité syriens soutenus par le régime du président libanais Emile Lahoud. Damas a pour sa part toujours nié une quelconque implication dans l’assassinat d’Hariri. Dans un entretien publié lundi par le magazine allemand Der Spiegel, le président syrien, Bachar al-Assad affirme ainsi: «Nous avons un intérêt dans cette enquête car nous somes convaincus que nous serons blanchis» de tout soupçon.
Les arrestations de jeudi matin, qui répondent avec empressement à la demande de la commission d’enquête internationale d’amener devant elle des responsables libanais pro-syriens, éloigne pour l’heure le risque pour les autorités libanaises de voir se constituer un tribunal international qui prendrait le pas sur la justice locale.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=320058

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