8.9.05

Hosni Moubarak semble assuré de la victoire à l'élection présidentielle égyptienne

LEMONDE.FR | 08.09.05 | 19h55  •  Mis à jour le 08.09.05 | 20h25

Le président Hosni Moubarak devrait être proclamé vainqueur de la première présidentielle pluraliste de l'Egypte, mais ses rivaux et des ONG estiment ce scrutin historique entaché d'irrégularités. C'est une "victoire écrasante" que Gamal Moubarak, le fils cadet du président, a laissé espérer à son père, en l'absence de résultats officiels, même partiels, au lendemain du vote. L'annonce des résultats ne devait pas intervenir jeudi, le dépouillement n'étant pas encore totalement achevé, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Commission électorale, Oussama Attawiyah.
Cependant, des "sources anonymes proches" de la commission commençaient, jeudi soir, à faire circuler une fourchette minimum de "70 à 75 %" en faveur de M. Moubarak, sur la base de plus de la moitié des suffrages dépouillés. En ce qui concerne la participation, une indication importante du scrutin, un taux voisin de 18 % a été avancé par le Centre Ibn-Khaldoun du réputé militant égypto-américain pour les droits de l'homme Saad Eddine Ibrahim.
Ayman Nour, chef du parti libéral Al-Ghad et rival le plus pugnace de M. Moubarak, a annoncé qu'il demanderait la tenue d'un nouveau scrutin à la suite de rapports sur des cas de fraude en faveur du chef de l'Etat. "Nous allons présenter une plainte [jeudi] devant la Commission électorale", a dit M. Nour à l'AFP.
Mais pour la presse gouvernementale, la cause est déjà entendue : le quotidien Al-Goumhouriya pronostique un triomphe pour le chef de l'Etat, tandis qu'Al-Ahram estime que "l'Egypte entre dans l'ère du président élu". "L'Egypte goûte à la présidentielle, malgré l'amerturme des infractions", titre pour sa part le quotidien indépendant Al-Masri al-Yom, résumant l'opinion d'observateurs très critiques sur le déroulement du scrutin. Pour Hala Moustafa, directrice de la revue Al-Dimougratiya, "le débat politique a été enfin activé, et ce processus comptera plus qu'un résultat acquis d'avance".
M. Moubarak semble assuré, à 77 ans, d'un cinquième mandat de six ans. Quelque 32 millions d'électeurs inscrits étaient invités à participer à ce premier scrutin multipartite alors que jusque-là M. Moubarak, candidat unique présenté par le Parlement, était élu par plébiscite depuis un quart de siècle. Sous la pression des Etats-Unis, il avait annoncé au printemps que le temps d'un scrutin multipartite et au suffrage universel était venu en Egypte.


CONFUSION ET FRAUDES

Seuls des chefs de partis ont pu entrer en lice. M. Moubarak n'a eu à faire face qu'à deux rivaux jugés sérieux, Noaman Gomaa, du parti Néo-Wafd, et Ayman Nour, du parti Al-Ghad. Des centaines d'observateurs indépendants, envoyés par des ONG locales dans les bureaux de vote mercredi, ont répertorié de nombreux cas de fraudes et d'irrégularités, dont certains se sont répétés dans plusieurs provinces. Rameutant des "électeurs " en bus, se livrant à des pressions et de la propagande ouverte, et s'insinuant dans les bureaux de vote, les militants du Parti national démocrate (PND, de M. Moubarak) ont été, selon eux, omniprésents. Chef du groupe parlementaire du Néo-Wafd, Mounir Abdel Nour a affirmé à l'AFP avoir été personnellement témoin d'"énormément d'irrégularités" dans des bureaux de vote du Caire.
Hugh Roberts, chercheur de l'International Crisis Group, a pointé la mauvaise organisation du scrutin. Mais "nous n'avons pas l'impression d'une fraude massive", a-t-il dit, considérant que certaines accusations de l'opposition devaient être prises avec distance.
Le ministre de l'information, Anas Al-Fiki, a qualifié le scrutin d'"expérience sans précédent dans l'histoire de la démocratie en Egypte". Le général Ibrahim Hamad, porte-parole du ministère de l'intérieur, a affirmé de son côté qu'il n'y avait eu aucune "friction" dans les bureaux de vote et que le "processus électoral s'était passé dans la sécurité".
Pour ajouter à la confusion dans l'organisation du scrutin, la Commission électorale avait révisé sa position deux heures après le début du scrutin, en acceptant, au cas par cas, la présence d'observateurs d'ONG locales. Les partis de la gauche marxiste et nassérienne et le mouvement contestataire Kefaya (Ça suffit) avaient appelé au boycottage. Les Frères musulmans, principale force de l'opposition avec 17 députés sur 454, avaient appelé leurs partisans à participer à l'élection, sans donner de consigne de vote.

Avec AFP

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