7.12.05

Alliot-Marie vante la défense européenne à Bahreïn et au Qatar

Dans une région où la présence militaire américaine est importante, le ministre français a plaidé ce week-end pour un renforcement de la relation stratégique.

Arnaud de La Grange
[Le Figaro, 06 décembre 2005]

MÊME sur les terres de toutes les ambitions géopolitiques et énergétiques, il ne doit pas y avoir de «chasse gardée» en matière de sécurité. C'est en substance le message que Michèle Alliot-Marie a fait passer dans le Golfe ce week-end. A Bahreïn, lors d'un colloque sur la sécurité dans le Golfe organisé par l'Institut international d'études stratégiques de Londres (IISS), le ministre français de la Défense a appelé à l'établissement d'une vraie et forte relation stratégique entre l'Europe et les pays de la région. «présence militaire massive» «se désintéresser de ce qui s'y passe sur le plan de la sécurité». «Nous, Européens, estimons être en mesure d'apporter nos expériences et notre aide à la stabilisation dans le Golfe».

«Passer à une nouvelle étape».

Les pistes à explorer ? Celle d'un dialogue de pôle à pôle, d'abord. Pour cela, il faudrait que les pays de la région – déjà réunis dans un Conseil de coopération du Golfe un peu lâche – se dotent d'une véritable architecture régionale de sécurité. Une évolution compliquée par des relations parfois difficiles et le déséquilibre des États, grands pays de 18 millions d'habitants comme l'Arabie saoudite ou micro-Etats comme Bahreïn ou le Qatar. Le ministre français a cité en exemple l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), susceptible de servir de référence pour établir des mesures de confiance régionales. Deuxième volet, dans la besace de Michèle Alliot-Marie, les nouveaux moyens d'intervention rapide de la défense européenne, passée en quelque trois années du concept à la réalité. L'Union va pouvoir déployer 1 500 hommes en moins de quinze jours ou projeter sur des terrains partagés entre guerre et paix la nouvelle Force de gendarmerie européenne. Devant une assemblée de hauts responsables et d'experts du monde entier – américains, européens, chinois, iraniens, irakiens...

Des ouvertures bien reçues

Enfin, le ministre a proposé de s'inspirer de mécanismes de coopération régionale déjà éprouvés comme Recamp, mécanisme d'assistance militaire aux pays africains, une initiative française en cours d'européanisation. Ou encore le dialogue sur la sécurité en Méditerranée occidentale dit du 5 + 5, qui lie pays d'Europe du Sud et du Maghreb. Dans l'entourage du ministre, on confie que ces ouvertures ont été bien reçues, par les autorités du Golfe comme par le ministre britannique de la Défense, John Reid, présent à Bahreïn.
En visitant le Qatar, Michèle Alliot-Marie se trouvait en terre plus familière. Ce petit émirat gâté par les cieux – il possède les troisièmes réserves mondiales de gaz – cultive depuis longtemps une relation privilégiée avec la France, qui lui permet de réduire sa dépendance stratégique vis-à-vis de l'Amérique. Convergence de vues, donc, mais peu de gros contrats d'armements à «pousser» pour le moment. Comme ses voisins, le Qatar – dont les équipements militaires sont à 80% français – s'est recentré sur la sécurité intérieure pour cause de menace terroriste. Les débats de Bahreïn ont montré que les ambitions régionales de l'Iran étaient la grande préoccupation des monarchies du Golfe. Un appel y a d'ailleurs été lancé à la dénucléarisation de la région.

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