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Assassinat d'Hariri: l'ancien vice-président syrien accuse Assad

Avec AFP
[30 et 31 décembre 2005]

«QUELQUES MOIS» avant l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri, le 14 février à Beyrouth, le président syrien Bachar al-Assad a menacé «d'anéantir» toute personne qui s'opposerait aux décisions de la Syrie. Ainsi accusait, vendredi sur la chaîne de télévision al-Arabiya, l'ex-vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, confirmant, depuis Paris, sa démission du gouvernement et de toutes fonctions au sein du parti Baas.

«Hariri a fait l'objet de nombreuses menaces»

«Assad m'a confié qu'il avait dit des mots très durs à Hariri», lors d'une rencontre à Damas, «quelque chose comme : «J'écraserai tous ceux qui me désobéiront».» «Il nous faut regarder la réalité en face : aucun service de sécurité ne peut prendre unilatéralement la décision» d'assassiner Rafic Hariri, a affirmé M. Khaddam.
Considéré comme l'instigateur de la politique syrienne au Liban, avant le retrait des troupes syriennes de ce pays, le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, 73 ans, a expliqué qu'il a décidé en juin dernier de démissionner, parce qu'il est «convaincu que le processus de développement et de réformes, qu'il soit politique, économique ou administratif, ne réussira pas».
Depuis Paris où il se trouve «pour écrire», il a ajouté qu'il a «beaucoup de choses à dire, des choses graves, au moment opportun». Il a assuré qu'il n'a pas reçu de menaces depuis son départ de Syrie, l'été dernier.
Ni à Damas ni à Beyrouth, les autorités n'ont réagi à ces propos vendredi soir. Mais les députés syriens ont accusé samedi l'ancien vice-président Abdel Halim Khaddam de «haute trahison» et ont voté une motion demandant qu'il soit traduit en justice.
«Nous appelons le ministre de la Justice Mohammad Ghafri à faire traduire en justice Abdel Halim Khaddam pour haute trahison et à prendre les mesures nécessaires», a indiqué le président du Parlement Mahmoud Al-Abrach lors d'une séance de l'assemblée.
Il a assuré aux députés qu'il avait reçu «des milliers d'appels téléphoniques» de Syriens demandant que M. Khaddam soit arrêté par l'organisation internationale de police criminelle, Interpol.

«Humiliation»

«En mon nom personnel et au nom du peuple, je demande aux autorités syriennes de juger Khaddam parce qu'il a porté atteinte à la dignité des Syriens et humilié des millions» d'entre eux, a déclaré samedi la députée Omaima Khoudour.
«Khaddam est un traître (...) et un petit agent du petit (Saad) Hariri», qui dirige la majorité parlementaire libanaise hostile à l'ingérence de la Syrie, a affirmé pour sa part Fayçal Koulsoum.
D'autres députés ont demandé que M. Khaddam soit jugé pour «détournement des fonds publics et corruption«. «Khaddam a parlé depuis le palais que (Rafic) Hariri lui avait offert en cadeau et qui est évalué à quelque trente millions de dollars», a accusé un autre parlementaire.
Les intervenants ont aussi rappelé que M. Khaddam était l'architecte de la diplomatie syrienne et un »décisionnaire« concernant le Liban lorsque la Syrie y avait ses troupes déployées.
«Khaddam a longtemps dirigé les dossiers libanais et de politique intérieure (syrienne). Il en assume toutes les erreurs», a ainsi martelé l'avocat Zakaria Mir Alam alors qu'un autre député, Ezzeddine Omrane, a estimé que ses propos à al-Arabiya s'inscrivaient »dans le cadre des pressions exercées sur la patrie«.
Très virulent, le représentant du courant islamiste au sein du Parlement, Mohammad Habache, a lancé que M. Khaddam était «la face abjecte de la vieille garde qui a fermé les forums politiques en Syrie et jeté certains de leurs membres en prison».
Les députés ont également affiché leur «soutien indéfectible» au président Bachar al-Assad. La Commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de Rafic Hariri avait conclu dans deux rapports d'étape en octobre et en décembre à l'implication de responsables syriens et libanais.
Contrairement au régime syrien, M. Khaddam a fait l'éloge «du travail professionnel du chef de la Commission d'enquête qui a réussi à ne pas politiser l'enquête sur un crime politique».

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