14.2.06

Etats-Unis et Israël travailleraient à élaborer un plan pour déstabiliser le gouvernement palestinien

LEMONDE.FR | 14.02.06 | 13h41 • Mis à jour le 14.02.06 | 13h51

Selon le New York Times du mardi 14 février, les Etats-Unis et Israël travailleraient à mettre en place des moyens de déstabiliser le gouvernement palestinien si le Hamas refusait de faire les concessions qu'on réclame de lui (reconnaissance de l'Etat d'Israël, abandon de la lutte armée, reconnaissance des accords israélo-palestiniens passés). Le quotidien américain s'appuie sur des témoignages anonymes "d'officiels israéliens et de diplomates occidentaux". Le plan consisterait à étouffer économiquement et diplomatiquement l'Autorité palestinienne dirigée par le Hamas, un mouvement classé comme terroriste par les Américains et l'Union européenne.
"L'idée est de mettre la responsabilité du choix sur les épaules du Hamas", a exposé un diplomate au New York Times. "S'ils font le mauvais choix, alors on ne leur laissera que des voies menant dans la mauvaise direction." Un porte-parole du ministre des affaires étrangères israélien a nié l'existence d'un "plan". L'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem a refusé de commenter l'affaire.

"LE FATAH EST OBSÉDÉ PAR L'IDÉE DE DÉFAIRE L'ÉLECTION"

L'intention de couper les crédits à un gouvernement du Hamas n'est pas nouvelle. Israël menace de geler les droits de douane qu'elle reverse à l'Autorité palestinienne, et les Etats-Unis et l'Union européenne de suspendre leurs aides. Mais selon le New York Times, les discussions actuelles, "aux plus hauts niveaux du département d'Etat américain et du gouverment israélien", iraient plus loin : il serait question de "couper" les liens entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, et d'empêcher les mouvements de personnes et de biens.
L'espoir des Etats-Unis et d'Israël serait que les Palestiniens, qui selon des sondages ont élu le Hamas pour ses promesses d'une vie meilleure, renvoient alors aux affaires le Fatah, redevenu attractif suite à l'échec du Hamas, expose le quotidien américain.
Une des analyses-clés du "plan" est que la victoire du Hamas sur le Fatah a été moins large qu'on l'a crue. Selon le directeur d'un institut d'études politiques palestiniens, Khalil Shikaki, si le Hamas a remporté 56 % des sièges avec seulement 44 % des voix, c'est parce que le Fatah a commis l'erreur de ne pas demander le retrait de ses candidats indépendants dans certaines ciconscriptions. "Le Fatah est désormais obsédé par l'idée de défaire cette élection au plus vite", a-t-il affirmé au New York Times. "Israël et les Etats-Unis aussi. L'Autorité palestinienne pourrait s'effondrer en six mois."

"CEUX QUI ESSAIERONT DE NOUS ISOLER SERONT ISOLÉS"

Mahmoud Abbas, le président palestinien issu du Fatah, serait appelé à jouer un rôle central dans ce plan, puisqu'il aurait la charge de convoquer un nouveau scrutin, selon le New York Times. Les révélations du quotidien américain interviennent au lendemain d'un renforcement des pouvoirs du président : lundi 13 février, le Parlement palestinien lui a voté un pouvoir de nomination des membres du conseil constitutionnel, qui lui permettrait d'exercer indirectement un veto sur les lois d'un futur gouvernement du Hamas. Son contrôle sur la télévision et radio d'Etat a été accru. Le Mouvement de la résistance islamique a immédiatement protesté, arguant que l'ancien Parlement n'avait aucun pouvoir créer de nouvelles lois.
Le plan américano-israélien comporte des "risques", souligne le New York Times. Le Hamas a déjà réagi durement : "Nous espérons que ce n'est pas la politique que les Américains vont suivre. Ceux qui essaieront de nous isoler se verront isolés dans la région", a répliqué le porte-parole Farhat Asaad. L'allusion est claire : le mouvement pourrait se rapprocher de soutiens comme l'Iran et la Syrie, et rechercher des financements privés. "C'est un rejet du processus démocratique que les Américains appellent de leurs vœux", a ironisé Moushir Al Masri, un autre porte-parole du Hamas.
Mardi, Israël a réaffirmé qu'il excluait tout dialogue avec le Hamas pour l'instant. Le ministre de la défense Shaoul Mofaz, en visite au Caire et le président israélien Moshe Katsav, de passage à Athènes, ont souligné qu'"Israël ne tolèrerait pas la poursuite du terrorisme par le Hamas".

Avec "New York Times", AFP, AP

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