16.3.06

L'accès à l'eau, le grand défi du XXIe siècle

Marielle Court et Caroline de Malet
Le Figaro, 16 mars 2006, (Rubrique International)

Le Forum mondial de l'eau, qui s'ouvre aujourd'hui à Mexico et dure jusqu'au 22 mars, va être l'occasion de faire le point sur la réalisation des «Objectifs du millénaire» dans le domaine de l'eau.
A ce jour, un habitant de la planète sur cinq est toujours privé d'eau potable.
CELA FAIT neuf ans, depuis le premier Forum mondial de l'eau en 1997, que la communauté internationale a mis à son agenda la question de l'eau. Alors que s'ouvre aujourd'hui à Mexico la quatrième édition de ce rendez-vous international, les plus pessimistes peuvent voir le verre à moitié vide. Les chiffres sont sans appel : un habitant de la planète sur cinq est toujours privé d'accès à l'eau potable et près de 40% de la population mondiale ne bénéficient pas de système d'assainissement de base. On compte 3 900 décès quotidiens liés à l'insalubrité de l'eau.
Et la situation ne devrait guère s'améliorer à l'avenir. La disponibilité en ressources était de 170 000 m3 par an et par habitant dans les années 50 ; elle devrait dégringoler à 5 000 m3 en 2025. Selon un rapport des Nations unies, cette situation actuelle s'explique principalement par «les mauvaises pratiques de gestion, la corruption, l'absence d'institutions appropriées, l'inertie bureaucratique et la faiblesse des investissements».
D'un autre côté, nombre d'experts ne manquent pas de souligner aujourd'hui que, pour la première fois, un frémissement est perceptible au niveau international. Les discours évoluent, les mentalités changent. L'éviction du secteur privé de certains pays d'Amérique latine, comme l'Argentine ou la Bolivie, a-t-il joué le rôle de détonateur dans ce processus ? Peut-être, du moins dans la prise de conscience que le modèle du contrat de concession à la française entre un opérateur public et une entreprise privée n'est peut-être pas le seul envisageable. D'ailleurs, les entreprises privées elles-mêmes se remettent en cause. «Le modèle destiné aux pays en développement tel que conçu dans les années 90 n'est pas viable», lance Jean-Louis Chaussade, PDG de Suez Environnement.

Adapter l'offre à la demande

De même, comme le souligne Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI et auteur d'un célèbre rapport sur l'eau en 2003, «il faut aujourd'hui se demander où est la demande et adapter l'offre». Autrement dit, partir des besoins réels des populations avant de décider d'un quelconque investissement. Cela l'amène, comme d'autres, à considérer que l'échelon pertinent pour gérer l'eau est l'échelon local. Même si l'Etat doit rester le régulateur. «Un jour, un dirigeant africain m'a dit : «je suis favorable à une gestion locale, car il y a moins d'argent en circulation et beaucoup d'yeux pour le surveiller», raconte, amusé, Michel Camdessus.
La décentralisation de l'eau fait partie des idées forces que veut promouvoir à Mexico la France, qui, pour la première fois, avance derrière une seule bannière, le partenariat français. Celui-ci regroupe non seulement les institutionnels et les entreprises, mais également des ONG.
Ces dernières vont probablement encore porter haut la revendication d'un droit à l'eau pour tous, même si cette idée semble avoir fait son chemin depuis le précédent Forum mondial qui s'est tenu à Kyoto en 2003.

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