23.5.06

Pendant les affaires, les affaires continuent...

Renseignement & Géopolitique est certainement l'endroit où, dans toute la blogosphère francophone, vous pourrez lire ce qui ne se lit pas ailleurs. Encore une fois, nous sommes en mesure de vous apporter quelques clés pour comprendre le présent. Résumons : le 15 avril 2006, à l'occasion d'une perquisition dans les locaux du ministre de la Défense français, Michèle Alliot-Marie, alors que l'attention des médias en est encore aux manifestations anti-CPE, une affaire vielle de cinq ans refait surface. Objectif, selon les experts politico-médiatique : soit permettre à Sarkosy de quitter le ministère de l'Intérieur et le gouvernement, soit mettre fin à sa domination de tous les sondages pré-présidentiels, soit enfin ruiner les espoirs - supposés plus qu'avérés - du Premier ministre Dominique de Villepin de succéder au président Jacques Chirac. Au choix...
Comme souvent, l'essentiel est pourtant ailleurs. Les dîners en ville parisiens bruissaient encore la semaine dernière de vélléités américaines de se servir de Sarkosy, entouré d'un staff de communicants américains, pour atteindre les capacités de l'avionneur militaire EADS et, plus globalement, toute l'industrie de l'armement nationale. Rappelons simplement qu'à l'origine, la vraie, de l'affaire Clearstream se trouve la sulfureuse "affaire des frégates de Taïwan". En un mot, cette récupération de l'affaire la plus vieille de France n'était qu'un spinoff du missile contre AZF (cf. Renseignement & Géopolitique du 13 octobre 2004)...
Le retour de Clearstream est effectivement un acte de guerre de économique, une opération d'information destinée à détourner l'attention de l'effet final recherché. Et l'agresseur semble bien être Français. Les leçons du rapport Carrayon et les effets de "patriotiqme économique", en pleine OPE Mittal-Arcelor et retour du Clemenceau, après Aventis, semblent avoir été comprises. Il est vrai que le metteur en oeuvre avait fait les frais de son absence de stratégie peu auparavant. Tout à son affaire contre Deutsche Börse pour s'emparer du London Stock Exchange (cf. Renseignement & Géopolitique du 28 janvier 2005), il n'avait pas prévu l'apparition du Nasdaq new-yorkais au début de cette année. Devenu la cible de la puissante bourse de Francfort, Euronext se devait de trouver une parade. Elle s'est déclinée en deux temps. D'abord relancer, justement, l'affaire Clearstream. Discréditée sur le plan médiatique, la chambre de compensation luxembourgeoise, filiale de Deutsche Börse, devenait un élément-clé de toute négociation entre les deux places financières concurrentes. Elle permettait même deux solutions : d'une part, Francfort se voyait neutralisée dans ses ambitions et de l'autre, elle se voyait demandée par Paris de céder Clearstream et de consentir une répartition plus équilibrée du pouvoir. Mais cette affaire, dont les conséquences politiques ne sont que des "dommages collatéraux", même si elles révèlent l'état de déliquescence de la société politique française (même si elle n'a rien à envier à ses homologues étrangères), offrait aussi à Euronext de susciter l'arrivée d'un troisième acteur, chevalier blanc "inattendu", le New York Stock Exchange en l'espèce. Après avoir brillament réussie en début d'année son introduction en bourse, la concurrente du Nasdaq se voyait offrir une alliance inespérée. Prochaine étape : le London Stock Echange ?

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