25.8.06

Rentrée géopolitique

Ca y est. C'est la rentrée. Pour une fois, l'actualité de l'été a été interessante, et Renseignement & géopolitique n'était pas disposnible pour vous apporter son éclairage... Promis, nous tenterons de faire mieux la prochaine fois. Mais merci de nous avoir gardé votre confiance pendant ces long mois d'irrégularités.
L'actualité depuis le 12 juillet a été riche en rebondissements. La guerre du Liban a au moins confirmé le décallage existant entre les armées hypertechnicisées et les règles usuelles de la guerre. Peut-être en aurons-nous enfin fini avec cette hypocrisie intellectuelle d'"air power". Qu'on le veuille ou non, qu'on le travestisse ou non sous le vocable de "forces spéciales", ce seront toujours les 300 derniers mètres qui feront la différence.
Nous sommes également face à un véritable échec de l'appareil de renseignement israélien. Depuis plusieurs années, on se souvient qu'il n'a cessé d'accumuler les bourdes. Et, apparemment, le retrait du Liban sud, en mai 2000, a engendré les mêmes déficit. Non seulement les positions du Hizb'allah n'ont pas été identifié pendant ces six années, laissant les tirs de roquette s'abattrent sur les populations civiles israéliennes, mais les travaux souterrains de fortification n'ont éveillé aucune curiosité. Les renseignements israéliens ont été aussi sourds et aveugles que l'état-major de la FINUL qui, entendant des bruits d'explosion non loin de son quartier-général de Naqqura, n'a pas voulu penser à autre chose qu'à des travaux dans des carrières... Significatif exemple de l'état des choses dans le Hizb'allahland...
Autre sujet d'inquiétude : la guerre contre le terrorisme. Vocable américain si l'on en croit certaines éminences militaires françaises. Il n'empêche qu'il est le maître d'oeuvre de la plus formible opération d'information depuis Fortitude, en pleine Seconde Guerre mondiale. Depuis septembre 2001, il fait florès. Mieux, il a servi dans cette crise libanaise de pare-feu, afin d'éviter un enlisement à l'irakienne des troupes israéliennes. Car quelle est la réalité de la menace du "complot aérien" londonien ? Bien heureux celui qui en donnera une explication crédible. Toujours est-il qu'à J+4, il n'y avait plus trace des mesures de sécurité qui avaient engendré, un week-end durant, une désorganisation des services aéroportuaires. Toujours est-il que la menace, peut-être plus réelle, contre les trains allemands n'avait pas, quelques jours plus tôt, donné lieu à la même médiatisation. Toujours est-il qu'elle a permis de relancer la voix diplomtique au Liban...
S'il est trop tôt pour se prononcer sur la nouvelle Finul, dont les discussions ont lieu au niveau européen ce jour et le déploiement des forces, en plus des 200 + 200 + 1700 français déjà prépositionnés ou en attente de déploiement, penchons-nous sur un exemple historique. Il change des images de la position Drakkar dont nous rabache les médias télévisuels pour expliquer les rétissences françaises. Non, il est un exemple d'expédition militaire internationale au Liban qui finit en promenade militaire française faute d'entente politique. Un jeune historien de Paris IV, Gérald Arboit, l'a bien montré dans sa thèse, "Aux sources de la politique arabe de la France. Le Second Empire au Machrek", publié chez L'Harmattan en 2000. Afin de mettre fin aux heurts interconfessionnels au Liban, les deuxièmes après ceux de 1840, les puissances européennes, France, Grande-Bretagne et Autriche décidèrent d'imposer à la Sublime Porte, qui gouvernait ces contrées, un protectorat non plus religieux, mais bien politique sur cette partie de la Syrie. Ainsi devait naître le Liban. Mais les discussions diplomatiques, à Paris, puis à Beyrouth, avant de gagner Constantinople, devaient être appuyées par un déploiement de forces conséquent. Les premiers "casques bleus" de l'histoire venaient de naître. La France en obtint naturellement le commandement. La Grande-Bretagne, peu accoutumée au combat terrestre mais peu disposée à voir la France s'implanter plus solidement encore dans la région, se contenta de fournir un appui naval, histoire de pouvoir peser quelque peu dans les discussions. Quant à l'Autriche, La Prusse et la Russie, elles promirent d'envoyer un contingent, puis se ravisèrent... Et l'opération du général Beaufort d'Hautpoul se limita à tenir garnison à Beyrouth et dans les grandes villes de la Montagne. Interdiction expresse lui était fait d'aller à Damas. De tout ce galimatia émergea un Règlement organique du Mont-Liban qui règla la vie politique locale jusqu'à son indépendance de 1943 et dont l'esprit confessionnel perdure encore. La différence entre 1860 et aujourd'hui tient au fait que les diplomates conservèrent la main pendant tout le temps de la promenade militaire de Beauffort d'Hautpoul, ce qui ne semble pas, loin s'en faut, le cas aujourd'hui.

Aucun commentaire: