La perspective d'un déploiement de troupes occidentales aux frontières du Liban a tout pour aggacer Damas. Et, à nouveau, se pose la question des raisons du Hizb'allah d'entreprendre cette insensée guerre contre Israël. Pourquoi ? Tout simplement parce que ni Damas, ni Téhéran ne semblent derrière. A force de vouloir diriger le flot d'information, les Occidentaux semblent avoir perdu de vu que la "guerre contre le terrorisme" ne forme pas un tout. Elle n'est pas non plus un modèle explicatoire de toutes les crises qui, depuis 1990, et plus particulièrement depuis septembre 2001, agitent le monde. Si la Syrie a si grande peur de voir le cordon sanitaire isolant le Liban réduire à néant ses espoirs de peser sur les affaires du pays, menançant de lui couper l'électricté comme Poutine coupa le gaz à l'Ukraine cet hiver, c'est bien qu'elle n'est pas derrière ces événements. Quant à l'Iran, le tir de missile d'hier, faisant suite à la visite du président Mahmoud Ahmadinejad à son usine d'eau lourde, la poursuite de son programme nucléaire plaide également pour sa non-implication.
Que s'est-il donc passé ce 12 juillet 2006, pour que les commandos du Hizb'allah attaquent une patrouille israélienne et enlèvent deux soldats? Rien de trop anormal en fait. Les miliciens chiites du sud Liban ont tenté de se replacer sur l'échiquier national libanais par un coup de force qui ressemblait à un soutien affiché à la cause palestinienne, dont des activistes du Hamas avaient eux-aussi enlevé, le 25 juin, le jeune soldat franco-israélien, Gilad Shalit, dont il est question de sa libération aujourd'hui. Pourquoi ce geste? Simplement parce que le Hizb'allah se présente, depuis mai 2000, comme le libérateur du Liban. Sa reprise, dans sa dialectique libératrice, des fermes de Chabaa, enclave syrienne au pied du plateau du Golan, est une illustration de ses prétentions de sauveur du monde arabe de l'humiliation israélienne. Comme toujours, le Liban agit comme l'interface de tous les maux dont souffre le monde arabe. Et depuis l'invasion de l'Irak, les motifs ne manquent pas.
La réaction israélienne n'est guère plus surprenante. Il fallait à Tsahal en finir avec ses deux ennemis que sont le Hamas et le Hizb'allah. La première étape avait été de les faire reconnaître, et de les maintenir sur la liste internationale attenante, comme des mouvements terroristes, au prétexte qu'ils étaient armés et islamistes, et qu'ils professaient une haine d'Israël. Il était clair que, depuis six ans, les Faucons israéliens rêvaient d'en découdre vraiment avec ces ennemis de la frontière nord. Le défaut d'évaluation de la menace est de les avoir pris pour de vulgaires palestiniens... C'était se méprendre sur la réalité de la menace shi'ite...
Le Hizb'allah disposait d'une légitimité suffisante, c'est-à-dire de fonds lui permettant de continuer à s'acheter une clientèle malgré les destructions, pour se permettre de tenter un bras de fer avec ses partenaires politiques libanais. N'oublions pas que le "parti de Dieu" a d'abord une vocation politique et, depuis février 2005 dispose de ministres au sein du gouvernement. Mais il est aussi unservice social qui, depuis 1982, supplée aux défaillances de l'Etat libanais, pour cause de guerre civile jusqu'en 1990 et en raison de son fonctionnement depuis. Enfin, toujours pour les mêmes raisons, il est une milice, élément traditionnel de la politique communautaire libanaise depuis 1975. Son attitude participe ainsi de la modernisation du Liban, plutôt que de toute autre implication à une collusion islamo-terroriste.
Et tant pis pour ceux qui croient que le Hizb'allah était derrière l'attentat contre les immeubles des Marines et des paras français en 1982. Au moins ont-ils choisi un camp...
28.8.06
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire