19.10.06

Les Etats-Unis prennent une option sur l’espace

Laurent Suply (lefigaro.fr).
Publié le 18 octobre 2006
Actualisé le 18 octobre 2006 : 21h46

L’administration Bush a discrètement publié sa nouvelle stratégie spatiale. La Maison-Blanche réaffirme l’importance tactique du milieu spatial, et se réserve le droit d’en expulser ses « adversaires ».

« La liberté d’action dans l’espace est aussi importante pour les Etats-Unis que la puissance aérienne et maritime », souligne la nouvelle politique américaine de l’espace, approuvée par le président Bush le 31 août dernier. Une synthèse du document a été publiée en catimini sur le site internet du Bureau des politiques scientifiques et technologiques.

La Maison-Blanche « rejette toute limitation de son droit fondamental à opérer dans l’espace ». Hors de question, donc, d’accepter des restrictions sur ses engins spatiaux, ses programmes de recherche, ou ses fréquences radios. Mais surtout, Washington repousse d’avance les éventuels traités de contrôle des armements qui auraient vocation à s’appliquer en orbite. L’administration Bush souhaite en revanche encourager ses « amis et alliés » à profiter de ses propres capacités spatiales.
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Eviter un « Pearl Harbour spatial »
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Au-delà de cette doctrine défensive, Washington se réserve le droit d’expulser de l’espace, manu militari si nécessaire, ses « adversaires ». La guerre des étoiles n’est donc plus une utopie, et les Etats-Unis prennent les devants : « le secrétariat à la Défense devra développer ses capacités pour assurer la liberté d’action dans l’espace et, si besoin, refuser cette liberté à ses adversaires ». En ligne de mire, selon les analystes : la Chine. « Il paraît clair que les Chinois envisagent des moyens de nuire aux capacités américaines dans l'espace », estime Theresa Hitchens, directrice du Centre d'information sur la défense. Une menace que Donald Rumsfeld avait évoquée avant de devenir secrétaire à la Défense. Il avait appelé à mieux protéger les intérêts américains pour éviter un possible « Pearl Harbour de l'espace ».

L’administration Bush assure que cette nouvelle politique n’implique pas le déploiement et le développement d’armes dans l’espace. Cette nouvelle stratégie propose pourtant de développer un système d’ « alerte stratégique et tactique, global et permanent », ainsi que des « défenses anti-missiles intégrées ». Le fameux bouclier anti-missile américain, initié en 1983 par Ronald Reagan, est donc confirmé. Le document met également l’accent sur l’importance stratégique du renseignement spatial. Il cite, entre autres, les écoutes et l’imagerie satellite en « quasi temps réel ».

Promouvoir le tourisme en orbite

Mais la stratégie spatiale américaine, qui n’avait plus été mise à jour depuis 1996, met aussi l’accent sur le développement des vols commerciaux dans l’espace. L’administration Bush souhaite promouvoir une économie spatiale dynamique et soumise à la « concurrence des prix ». Un des moyens pour y arriver est d’associer plus étroitement les entreprises privées aux programmes spatiaux de la Nasa. Cependant, l’avènement du tourisme spatial de masse a un préalable : la préservation de l’orbite terrestre, encombré de débris. Tournoyant à des vitesses extrêmes, même les plus petits d’entre eux seraient dangereux pour des vaisseaux spatiaux. Les Etats-Unis souhaitent donc, selon le document, « prendre la tête d’un forum international » sur le sujet. pan>

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