28.8.07

Gül, nouveau président turc

C. J (lefigaro.fr) avec AFP.
Publié le 28 août 2007
Actualisé le 28 août 2007 : 19h26

Premier chef d’Etat turc à être issu de la mouvance islamiste, il promet de défendre la laïcité et la démocratie.

«La République turque est un Etat démocratique, laïc et social basé sur l'Etat de droit, je travaillerai avec détermination pour protéger et renforcer tous ces principes », a promis Abdullah Gül. Son premier geste de président juste après avoir prêté serment. Dans son discours, Abdullah Gül est également revenu sur les négociations d’adhésion à l’Europe. « Nous devons mener ces réformes [exigées par l’UE] non pas parce que d'autres le demandent, mais parce que notre peuple en a besoin » a-t-il affirmé.

Pour Gül, cette deuxième tentative de conquéte du pouvoir a été couronnée de succès, avec 339 voix sur 550 que compte le parlement. Un scrutin que l'ancien ministre des Affaires étrangères du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) était assuré de remporter, L'AKP détient en effet une large majorité des sièges au Parlement, alors que seule une majorité absolue de 276 voix était suffisante au 3è tour. Ses rivaux, Sabahattin Cakmakoglu du Parti de l'action nationaliste (MHP, nationaliste) et Hüseyin Tayfun Içli du Parti de la gauche démocratique (DSP, centre-gauche), ont obtenu respectivement 70 et 13 voix.

Une victoire contre laquelle les défenseurs les plus intransigeants de la laïcité, l'armée en tête, qui avait bloqué au printemps une première candidature de M. Gül, n’ont cessé de mettre en garde. A la veille du vote, le chef de l'armée turque a dénoncé des "foyers du mal qui essayent systématiquement d'éroder la structure laïque du pays".

Début de carrière dans le parti islamiste Refah

C’est que le camp laïc se méfie de cet homme, qui a commencé sa carrière dans les rangs du parti islamiste du Refah (Parti de la prospérité). Abdullah Gül est né en 1950 dans une famille de la petite bourgeoisie anatolienne hermétique aux réformes occidentales de Mustafa Kemal. De retour en Turquie après un doctorat d'économieà Londres, il fait ses armes politiques dans le mouvement islamiste de Necmettin Erbakan, le père de l'islam politique turc. À cette époque, il suivait les enseignements du Grand Orient, le courant de pensée du poète Necip Fazil Kisakurek. Cet idéaliste islamiste prônait l'union des pays musulmans et la restauration du califat. Gül est élu député en 1991 sous la bannière du Refah et en 1996 il devient le porte-parole du gouvernement de coalition entre les islamistes et le Parti de la juste voie (droite). Erbakan alors premier ministre est chassé par l'armée en 1997 et en 1998, le Refah interdit pour "activités antilaïques". A l'instar de nombre de députés du Refah, Abdullah Gül a rejoint alors le Parti de la vertu (Fazilet). Représentant les "modernistes" contre les "traditionalistes", il a été battu au congrès qui a sonné le glas du parti et la fondation par les modernistes de l'APK.

Les détracteurs de l'AKP affirment qu'il a pour ambition secrète d'islamiser le pays et que son accession à la présidence lui permettra de neutraliser plusieurs institutions de contrôle de l'action gouvernementale. Autre sujet de contention, le voile islamique que porte son épouse, perçu comme une expression de rejet du régime laïque. De ce côté, une première concession a été trouvée, Hayrunnisa Gül n’a pas assisté aux cérémonies d’intronisation de son mari, qui était accompagné de ses deux fils.

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