14.9.07

Après des arrestations en Allemagne, interrogations sur l'"Union du djihad islamique" et un lien ouzbek

Piotr Smolar
LE MONDE | 14.09.07 | 15h43 • Mis à jour le 14.09.07 | 15h43

Depuis l'arrestation de trois islamistes en Allemagne, le 4 septembre, qui préparaient des attentats avec plus de 700 kg de peroxyde d'hydrogène, les spécialistes du terrorisme s'interrogent sur leur affiliation. Officialisé par le ministère de l'intérieur allemand, un communiqué sur Internet revendiquerait l'opération avortée au nom de l'Union du djihad islamique, qui serait une excroissance du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO). Outre le fait qu'aucun Ouzbek ne figure parmi les personnes interpellées, les services français n'ont pas trouvé trace de cette revendication, selon un haut responsable.


Le ministère de l'intérieur allemand a précisé que les attaques, prévues avant la fin 2007, devaient viser des services consulaires américains et ouzbeks en Allemagne. Elles auraient eu pour objectif d'obtenir la fermeture de la base aérienne de Termez, en Ouzbékistan, où stationnent près de 3 000 soldats allemands dans le cadre de la force internationale de l'OTAN déployée en Afghanistan.

Selon les services français, l'Union du djihad islamique aurait vu le jour début 2002, à l'initiative d'activistes du MIO, en opposition avec son chef historique, Taher Youldachev, jugé pas assez ambitieux.

Centaines de combattants Le MIO avait pour vocation, à l'origine, de renverser le pouvoir à Tachkent et d'instaurer un Etat islamique. Dans les années 1990, l'organisation a développé des liens dans d'autres pays de l'Asie centrale, notamment au Kirghizstan, en cherchant à se soustraire à la répression du régime d'Islam Karimov. En 2000, les moudjahidins du MIO ont trouvé un allié de choix, le régime taliban en Afghanistan, qui a volontiers accueilli une bonne partie de leurs troupes - quelques centaines de combattants.

Mais l'offensive américaine, fin 2001, a porté un coup à l'organisation. Son cofondateur, Djumaboï Khodjaev, est décédé sous les bombes. D'autres cadres, dont Taher Youldachev, se sont réfugiés dans la zone tribale, au Pakistan.

L'Union du djihad islamique serait apparue par la volonté d'activistes ouzbeks souhaitant rejoindre le front anti-occidental. En 2005, ils auraient tenté de se rapprocher des Algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). "Ce mouvement s'inscrit dans une tendance générale du djihad international, dit le chercheur Olivier Roy. Des combattants sans perspective nationale se transforment en auxiliaires régionaux d'Al-Qaida, comme en Indonésie ou en Algérie." En 2004, l'Union du djihad islamique aurait, pour la première fois, illustré son désir de s'attaquer à des intérêts occidentaux, en organisant des attaques-suicides à Tachkent, capitale ouzbèke, notamment le 30 juillet contre les ambassades américaine et israélienne. Mais l'opacité du régime et le manque d'informations ont laissé un doute sur la nature véritable de ces opérations. L'hypothèse d'une manipulation par les services ouzbeks a été évoquée.

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