23.9.07

Scoop : Jack Bauer n'est pas en Chine, il est à l'université

Les séries américaines, et c'est leur force, traitent le plus souvent de questions d'actualité. Qu'elles mettent en scène des femmes au foyer d'une banlieue cossue, des mafieux du New Jersey, des chirurgiens plastiques politiquement incorrects, une élite de la Delta Force ou des médecins d'hôpitaux, tous renvoient une certaine image des Etats-Unis. Nous avions déjà rapporté les prises de positions de la série «JAG» (Judge Advocate General). Voilà que la prestigieuse université américaine de Georgetown, où est formée l'élite gouvernementale américaine, propose un cours sur les questions de droit posées par la série «24 heures chrono».

La Georgetown University Law School de Washington offre ainsi un cours peu académique pour la rentrée, intitulé «La loi selon "24 heures chrono"» (Law of 24). En référence à cette série américaine en temps réel dans laquelle Jack Bauer, un agent spécial de la cellule antiterroriste (CTU) de Los Angeles, viole la loi à tour de bras au cours de sa dure journée d’enquête. Souvent, le Patriot Act justifie son action.



Ce cours n'est pour autant pas un gadget. Il intervient en seconde année de droit international et est proposé par le Walter Gary Sharp, lieutenant colonel de réserve de l'US Marines Corps,actuellement avocat général adjoint pour les affaires internationales du Département américain de la Défense. Son ambition est d'étudier «tous les enjeux juridiques nationaux et internationaux en matière de lutte antiterroriste dans le contexte des réponses au terrorisme utilitaristes et parfois désespérées mises en exergue par les intrigues de "24 heures chrono"».

Pour assister à cet enseignement de deux heures par semaine, il est recommandé aux étudiants d’avoir déjà suivi un cours d’«introduction au droit international» et d’avoir en tête les six saisons de la série. D'ailleurs, comme le rapporte le magazine Slate, les cours ont lieu le mardi soir afin que les étudiants aient encore en tête l’épisode diffusé la veille au soir diffusé sur la Fox.

Ce cours intervient alors que l’ONG Human Rigths First et plusieurs associations de parents dénoncent régulièrement les scènes de torture présentées en prime time par cette série. Pis, selon ses détracteurs, «24 heures chrono» a une influence néfaste sur les GI’s en Irak qui prennent Jack Bauer, pour modèle en matière d’interrogatoires. De quoi provoquer un malaise, y jusque dans les rangs de l’US Army. D'autant que dans la saison 4, sa présentation des ressortissants de pays arabe et des Américains musulmans avait déjà heurté pour les mêmes question d'image, au moment où des troupes agissent en Irak et en Afghanistan.

Pour autant, Joel Surnow, créateur de «24 heures chrono», défend sa série en matière de torture, comme il l’expliquait en février à l’hebdomadaire culturel The New Yorker : «N'est-il pas normal d'agir de la sorte ? Si une bombe nucléaire était sur le point d'exploser à New York ou dans une autre ville, même si vous risquez d'aller en prison, torturer serait la meilleure chose à faire».

D'autres questions issue de pourraient donner lieu à cours : la vision géoploitique de «24 heures chrono», avec cette revue de mafias russes, de terroristes liés à Al Qaïda, d'ennemis intérieur et, récurent depuis deux saisons, de services de renseignement chinois. Il est à rappeler qu'avant le 11 Septembre, ce n'était pas l'Irak, et encore moins Ben Laden, qui agitait les cerveaux du Pentagone, mais bien la Chine. Et la prochaine crise internationale majeure aura bien lieu dans le Pacifique. Pas en Iran...

Une autre question pourrait émerger de la saison 5, celui du coup d'Etat de la Présidence Logan, cette espéce de mise en scène violente destinée à lui conférer une aura sur le peuple américain pour... Ce n'est dit, simplement suggéré. Ce qui est étonnant, c'est de retrouver le même discours, en plus explicite, dans la saison 5 série «Spooks» (MI-5) de la BBC-1. Des conspirateurs, au sein de l'appareil gouvernemental, parlementaire et médiatique, ourdissent une vague de violence pour justifier une politique conservatrice... Ces deux séries, écrites à peu de chose près à la même époque, posent toutes les deux une question fondamentale : que sommes-nous prèt à abdiquer pour nous sentir en sécurité ? L'avenir de la démocratie en dépend. Big Brother n'est pas loin... On n'entend pourtant pas les associations droit-de-l'hommiste sur ce sujet !

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