10.12.07

Le journaliste Guillaume Dasquié mis en examen pour "divulgation" d'un document de la DGSE

A l'issue de 36 heures de garde-à-vue à la Direction de la surveillance du territoire (DST), le journaliste Guillaume Dasquié a été mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi pour avoir divulgué des informations classifiées. L'animateur du site geopolitique.com avait publié dans Le Monde daté du 18 avril 2007 une « note de synthèse » de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) concernant Al-Qaeda.

Or ces notes dont le journaliste possède un exemplaire (3298 pages au total) relèvent du « confidentiel défense ». Au regard du code pénal, il est donc en infraction. Il a été mis en examen pour « détention et divulgation au public de renseignement ayant le caractère d'un secret de la défense nationale ». Cette infraction est passible de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amende. L'enquêteur, spécialiste des affaires de renseignement, avait été interpellé mercredi matin à son domicile et son appartement perquisitionné.

En réalité, les enquêteurs de la DST et le juge antiterroriste Philippe Coirre cherchent la « source » de Guillaume Dasquié au sein des services. Un acteur de ce dossier confiait au printemps dernier avoir été « stupéfait » de découvrir qu'un tel document – qui n'existe qu'à quelques exemplaires- pouvait se retrouver entre les mains d'un journaliste. La ministre de la défense Michèle Alliot-Marie avait alors déposé une plainte contre X. « Cette affaire est très pénalisante pour nous » confiait alors la DGSE à Libération. La note publiée dans la presse évoquait notamment des informations obtenues grâce aux services de renseignements ouzbeks.
La note de la DGSE, datée du 5 janvier 2001, annonçait que « des membres de
l'organisation d'Oussama Bin Laden préparent un projet de détournement d'avion ». Le
scénario évoqué alors ne correspondait toutefois pas à celui mis en oeuvre par les
terroristes le 11 septembre suivant.

L'avocat de Guillaume Dasquié n'a pas souhaité réagir alors que l'association Reporters sans frontières estime qu'« on ne peut pas faire porter la responsabilité de fuites (...) à un journaliste. (...) Il ne doit pas être traité ainsi ». Guillaume Dasquié a également publié un document du ministère des affaires étrangères concernant l'affaire Borrel, ce juge mort à Djibouti dans des circonstances jamais éclaircies.

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