Nous ne prétexterons pas la chaleur pour expliquer comment nous en sommes arriver à penser aussi simplistement sur un sujet aussi complexe. Peut-être un économiste chevronné se permettra-t-il d'apporter son éclairage, auquel cas nous lui ouvrira volontiers nos colonnes ? Commençons...
Posons d'abord que la surchauffe actuelle de l'économie n'a rien à voir avec une crise cyclique, mais bel bien avec un excès de spéculation. Tout le monde a en tête la crise des subprimes américains. Quelques promoteurs immobiliers ont fait faillites, de même que de petites banques se sont trouvées dans l'impossibilité de payer leurs clients. Cela explique certes la situation américaine, mais pas l'envolée mondiale de la crise. Endettés hier, les Etats-Unis le restent aujourd'hui, il n'y a rien de nouvel sous le soleil. C'est pourtant là qu'entre la "bulle spéculative", comme on la qualifie depuis qu'elle a explosé autour des nouvelles technologies de la communication et de l'information en 2000.
Le pétrole et les matières premières alimentaires sont devenus les placements de replis de toutes les institutions financières officielles et privées depuis les subprimes. Si le marché américain n'est plus sûr, la bonne vieille règle économique stipule de trouver d'autres marchés où investir... Et puis, les cours sont si bas que cela fera du bien aux agriculteurs africains... Cela dit en passant, cela fait également du bien aux compagnies agro-alimentaires internationales qui, pour compenser une réduction de la consommation de fruits et légumes, plutôt que de solder leurs produits, augmentent largement leur prix afin de sauvegarder leurs marges. Au lieu de s'en prendre systématiquement aux bénéfices de Total, pourquoi nos penseurs écolos ne vont pas regarder de ce côté-là ?
Ce comportement correspond tout à fait à la logique économique du moment centrée sur l'actionnaire. Dans un monde reposant sur la consommation, il apporte toutefois une contradiction majeure. En effet, les effets de l'augmentation des hydrocarbures et des produits alimentaires vont toucher de plein fouet les foyers de consommation qui sont censé absorbé la production permettant 20 % de marge annuelle souhaités par les actionnaires. Ce n'est pas en Inde ou en Chine qu'ils les attendent, c'est dans la Triade (Amérique du Nord, Europe occidentale et Japon)! Or, en l'absence de hausse de salaire, c'est-à-dire d'injection de pouvoir d'achat par les acteurs économiques, c'est-à-dire les seuls entreprises et l'Etat-patron (en période de crise, les ménages thésaurisent en attendant des jours meilleurs et réduisent leur consommation à l'essentiel : manger), comment les populations pourraient-elles faire face ?
La hausse du prix du pétrole signifie une envolée des cours de l'essence, celle des matières premières végétales induit celle des prix à la consommation. Se déplacer frénétiquement est un phénomène lié à notre société de consommation, mais manger reste un besoin vital. Pourtant, c'est bien le comportement de chacun qui est touché, différemment certes selon les situations financières de chacun. Mais les temps sont durs pour tout le monde, riches et pauvres, Américains, Européens ou Chinois. Tous sont logés à la même enseigne, la spéculation étant un phénomène mondialisé.
Le décrochage des ménages induit une réduction de leur consommation de biens accessoires, sur lesquels se fondent pourtant depuis vingt ans la croissance de nos économies. La baisse des ventes engendre les réductions de personnels, les relocalisations dans des pays à bas coups des productions (en même temps que l'on exporte notre pollution - mais que font décidément les écolos ?), les fermetures des implantations industrielles et commerciales, le chômage augmente... La stagflation guette : c'est à dire un ralentissement économique conjugué avec une inflation qui continue de croître. Tous les acteurs économiques doutent en des jours meilleurs et des lendemains qui chantent (le communisme avait cela de bon, il ne les obérait pas) !
Après le Japon, les Etats-Unis viennent d'entrer en récession... L'Europe est en train de le reconnaître timidement. Le modèle économique n'était pas le bon. Les politiques ont abdiqué depuis la chute du mur de Berlin leur pouvoir de régulation de l'économie, pensant que la "main invisible" saurait restaurer les équilibres. Mais l'on sait bien que la concurrence n'est jamais longtemps pure et parfaite. Alors pourquoi en irait-il autrement pour la régulation naturelle du marché ? Les idéologies ont montré leurs limites, le capitalisme débridé aussi. Il ne fallait pas être grand clerc pour le savoir. Mais l'avidité de l'argent a toujours évité de trop penser. C'est peut-être cela qu'Al Qaeda et ses penseurs de bazar ont cherché à nous faire comprendre. L'absence de réflexion dans l'action conduit à combattre sempiternellement des chimères, sans préjuger des effets que cela contribuera à produire. Sancho Pancha l'avait déjà compris au début du XVIIe siècle. Britney Spears ne sait pas qui est Sancho Pancha...
C'est tout le problème des spéculateurs d'aujourd'hui et de demain... Mais c'est aussi un problème géopolitique.
20.8.08
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