Comment une telle histoire peut-elle se déclencher en pleine atmosphère constitutionnalo-référendaire ? Il aura fallut que le Tribunal pénal international annonce ses difficultés à faire comparaître le général Ante Gotovina pour que la Commission européenne annonce la suspension des pourparlers de négociation avec la Croatie. Est-ce un avertissement fait à la Turquie, au lendemain de la répression policière d’une manifestation de femmes, qui suivait la nouvelle condamnation d’une députée kurde ? Une façon de créer un précédent qui dédouanerait les politiques de demain de la timidité de ceux d’aujourd’hui ? A moins qu’il ne s’agisse de la prise en compte de la quadrature du cercle européen, qui lui fait délayer depuis sa création la nécessité de renforcer les institutions internes en procédant à d’incessants élargissements ?
La décision face à la Croatie tourne autour de ces éléments, dans un arrière-plan bolkensteinien et constitutionnel. La mise en scène de la question de la directive sur les services apparaît de façon étrange dans l’espace médiatique. Pourquoi la sortir au moment où le débat sur la Constitution agite les gouvernements et les partis européens, au moment où la France, déjà hostile à l’entrée de la Turquie, reste dubitative face à la nouvelle donne institutionnelle qui est soumise à son approbation (et non seulement à ses suffrages) le 29 mai prochain. Avec 51 % des voix contre 49 % au « oui », le « non » à la Constitution européenne est aujourd’hui donné majoritaire en France, selon un sondage paru dans le journal Le Parisien de ce jour. Selon cette enquête d’opinion, réalisée par l’institut CSA, 53 % des personnes disent vouloir s’abstenir, voter blanc ou nul. Ce sondage a été réalisé les 16 et 17 mars, par téléphone, auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales (méthode des quotas, stratification par région et taille d’agglomération). Mardi, pourtant, un autre sondage TNS-Sofres/Unilog pour RTL, Le Monde et LCI donnait le « oui » gagnant avec 56 % des voix au référendum constitutionnel européen, contre 44 % pour le « non ». Lors de cette enquête d’opinion, première d’une série de cinq que doit réaliser l’institut d’ici au 29 mai, 37 % des personnes sondées n’ont pas exprimé d’intention de vote, et 34 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles pourraient changer d’avis d’ici au scrutin.
Si l’on souhaitait faire échouer le texte précautionneusement par Valéry Giscard d’Estaing, européophile turcophobe, l’on ne s’y prendrait pas autrement. L’importance de Gotovina est telle dans les négociations européo-croates qu’elle n’a jamais été soulevée jusque-là. Certes, il était demandé à la Croatie de mieux coopérer avec le Tribunal pénal international de La Haye. Mais pas de là à faire un obstacle à la poursuite des négociations, alors que la Bulgarie et, surtout, la Roumanie ne répondent pas encore vraiment aux normes de l’Union mais commencent déjà à négocier. Il y a une nécessaire clarification qui devrait être faite par Bruxelles ! Viendra-t-elle ou se perdra-t-elle dans les méandres de sa communication alambiquée ?
18.3.05
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